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Jeudi piraterie: Jean-David Nau

Les pirates les plus célèbres sont ceux qui sont associés à un trésor toujours enfoui quelque part sur une île que même les satellites n'arriveraient pas à trouver. Jean-David Nau plus connu sous le nom de François l'Olonnais n'a pas laissé de trésor pourtant sa réputation et sa mort (il a été servi au déjeuner à des cannibales) méritent bien la lecture de ces quelques lignes.

L'Olonnais est né aux Sables d'Olonne en 1630, voilà bien un épisode peu surprenant de sa vie, le seul sans doute. On ne sait pas exactement quand il arrive aux Caraïbes mais ce qu'on sait, c'est qu'il y arrive à une époque troublée. Les espagnols ont déjà massacré les peuples indigènes d'Amérique, ils viennent de soumettre les Pays-Bas : plus de concurrence, la bénédiction du pape, ils peuvent régner en maîtres sur tout un continent. Oui mais.... Oui mais une poignée d'irréductibles résistent à l'envahisseur : la gaugau... les gaugau, les flibustiers qui sont bien décidés à se servir dans les trésors espagnols.

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François l'Olonnais arrive donc aux Antilles et commence ses vacances au soleil par trois années d'esclavage : une habitude de l'époque. En effet, pour payer leur voyage vers les Amériques, bon nombre de personnes démunies acceptent en guise de paiement d'être vendues comme esclaves (pour une période de 3 à 5 ans) par le capitaine du navire les ayant fait traverser. Exploiter les plus pauvres reste apparemment une occupation des plus intemporelles.

3 ans passés, il devient boucanier : c'est-à-dire il fait parti des gens qui fournissent de la viande séchée aux pirates et aux flibustiers. Les boucaniers sont avant tout des chasseurs. Il passe sa vie en forêt à traquer les boeufs et à se battre contre les chasseurs espagnols. En effet pour limiter l'impact des boucaniers, les espagnols ne se fournissent pas en viande auprès des boucaniers mais ont décidé de former leur propre unité de chasseurs composée de matadors et autres lanciers. Ces unités ont comme mission la chasse, surtout celle des boucaniers. Cette guérilla fera naître chez L'Olonnais une haine sans limite contre les espagnols.

Après un raid espagnol, le boucanier se retrouve seul et fuit vers la Tortue ou le gouverneur français équipe un navire et le lui confie. Le boucanier devient flibustier. Très vite l'Olonnais acquière une réputation de cruauté terrible envers ses prisonniers espagnols. Tous préfèrent le combattre que de se rendre. Téméraire François l'Olonnais fait souvent naufrage, c'est ce qui lui arrive avec son premier navire (après plusieurs bonnes prises toutefois). Il s'échoue près de Campêche au Mexique où les espagnols le débusquent. Son équipage est massacré, lui aura la vie sauve en se cachant barbouillé de sang parmi les cadavres de ses compagnons. Il se sauve et retourne à la Tortue avec l'aide d'esclaves qu'il libère une fois arrivé à destination. Tandis que les espagnols fêtent leur victoire sur l'Olonnais, le dit Olonnais a déjà repris la voile et fonce avec 22 compagnons sur la ville de Los Cayos. Le gouverneur de la Havane tente de les intercepter et envoie contre eux un brigantin de 90 hommes et 10 canons. L'Olonnais et son équipage les surprennent alors qu'ils sont ancrés dans une baie. Le brigantin tombe aux mains de la flibuste. A bord on découvre un bourreau chargé de pendre tous les pirates capturés. L'Olonnais se fâche. Il fait monter un à un les prisonniers de la cale et leur tranche la tête. On dit qu'à chaque tête coupée, il lèche son sabre en faisant des réflexions sur le goût différemment salé de l'un ou l'autre. Il laisse un seul survivant : le bourreau avec une lettre à remettre au gouverneur de La Havane ainsi qu'un sac rempli des têtes des soldats. Un extrait de la lettre:« Je suis fort aise, monsieur le gouverneur, que cet ordre soit venu de votre part et vous pouvez être assuré qu'à l'avenir tout Espagnol tombant entre mes mains subira le même sort. Peut-être même, monsieur le gouverneur, en ferez-vous personnellement l'expérience, ce serait justice et grand plaisir pour moi. »

En 1666 il entreprend avec Michel le Basque la première expédition de flibustiers contre le continent sud américain : direction Maracaïbo (Venezuela). La ville tombe, les flibustiers pillent. Les espagnols réagissent et envoient un contingent reprendre la ville. L'Olonnais va à leur rencontre et les taille en pièces près de la ville de Gibraltar qu'il livre au pillage. Puis retour à la mer avec de nouveau le pillage radical cette fois de Maracaïbo.
Ensuite l'Olonnais décide de passer à l'étape supérieur en pillant un pays : le Nicaragua. Mais la météo n'est pas favorable et les courants marins les poussent vers le golfe du Honduras. Il nettoie les côtes sans distinction villages espagnols et indiens (qui eux n'avait sans doute pas besoin de ça). Puis c'est le débarquement et la marche vers l'intérieur des terres vers San Pedro.

Durant ce raid l'Olonnais gagne en surnom, il devient "le cruel" : « II avait pour habitude de tailler en pièces et d'arracher la langue aux personnes qui n'avouaient rien sous la torture. S'il l'avait pu, il aurait aimé procéder de même avec tous les Espagnols. Souvent, il arrivait que quelques-uns de ces malheureux prisonniers, sous la torture, promettent de montrer l'endroit où se cachaient leurs compatriotes avec leurs richesses. Ensuite, s'ils ne retrouvaient pas cet endroit, ils mouraient d'une mort plus cruelle que leurs camarades ».
San pedro tombe mais la ville avait été désertée par ses habitants, le butin est maigre, les flibustiers déçus. Ils brûlent la ville (il faut bien se détendre quand même) et repartent vers la mer. Après 3 mois d'attente un grand galion espagnol pointe l'horizon. L'Olonnais attaque, le navire est pris. A son bord du papier et de l'acier. C'en est trop ! la troupe de l'Olonnais se sépare. L'Olonnais reste avec 300 hommes dans le golfe du Honduras mais les prises ne viennent pas. La chance tourne!

Il finit par échouer son navire sur un banc de sable. Impossible de le rendre aux flots. Il passe 6 mois sur terre en proie aux attaques des indiens et des espagnols. Il finit sur un navire de fortune par atteindre les côtes du golfe du Darién où il est fait prisonnier par les indiens. Oexmelin qui a écrit un livre sur les boucaniers (il a été lui-même boucanier) décrit sa fin par la phrase: « Ils le hachèrent par quartiers, le firent rôtir et le mangèrent ».

Une drôle de fin pour un drôle de personnage ayant mené une drôle de vie.


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