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Homo sapiens a-t-il tué Homo neanderthalensis?

C'est la plus vieille affaire criminelle du monde. Les faits se sont produits il y a 50 000 à 75 000 ans (bien avant Ötzi, assassiné vers 5100 à 5350 ans), près de la grotte de Shanidar au Nord-Est de l'Irak actuelle. Un Homo neanderthalensis mâle, que les scientifiques ont surnommé Shanidar 3, a été frappé mortellement au torse à l'aide d'un os. Il est cependant parvenu à se traîner jusqu'à sa grotte où il est mort quelques semaines plus tard.

Dans les années 50, lorsque les restes de son squelette ont été exhumés, avec l'arme du crime, les scientifiques ont d'abord pensé que l'homme de Néandertal avait été victime d'un accident de chasse ou de la malveillance d'un de ses coreligionnaires. Aujourd'hui, Steven Churchill, professeur d'anthropologie à l'université de Duke en Caoline du Nord, prétend que l'assassin serait l'un de nos familiers... un certain Homo sapiens.
Pour élucidé le mystère entourant la mort de Shanidar 3, l'équipe de Steven Churchill a eu recours aux techniques les plus sophistiquées de la médecine légale. Elle a également fabriquée une arbalète spéciale et testé ses projectiles sur des carcasses de porcs. Ces analyses ont permis de montrer que la blessure fatale a été causée par une arme comme une lance ou un javelot. Or, à l'époque des faits, seul Homo sapiens, qui avait adapté ses techniques de chasse aux contraintes des plaines africaines, utilisait des projectiles. Homo neanderthalensis, qui se cantonnait aux forêts situées à proximité de son logement, avait conservé ses armes à pointes et ses harpons.
Les chercheurs américains ont constaté que l'arme utilisée contre Shanidar 3 a occasionnée une blessure formant un angle de 45 degré vers le bas. Selon le docteur Churchill, cette trajectoire est comparable à celle d'un javelot, en supposant que la victime (qui mesurait environ 1,67 m) se tenait debout. Il a également remarqué que la blessure commençait à cicatriser lorsque l'homme de Néandertal a fini pas mourir. En comparant la plaie avec des dossiers médicaux remontant la guerre de sécession (une période où les antibiotiques n'existaient pas encore), il a pu déterminé combien de temps Shanidar 3 avait survécu à son agression.

L'étude, parue dans la revue scientifique Journal of Human Evolution, apporte une nouvelle preuve des relations souvent violentes qu'entretenaient l'homme moderne avec Néandertal et qui sont l'une des causes de la disparition de ce dernier. La morphologie trapue et robuste d' Homo neanderthalensis lui a permis de survivre à l'ère glaciaire et de dominer l'Eurasie pendant plus de 200 000 ans. Il a ensuite mystérieusement disparu au moment où Homo sapiens s'est répandu en Afrique et commencé à coloniser les abris de son prédécesseur. Si l'équipe du professeur Churchill a permis de faire la lumière sur les circonstances de la mort de Shanidar 3, les raisons de l'extinction de son espèce restent obscures. Certains scientifiques pensent que l'homme de Néandertal a succombé à un changement climatique réduisant son terrain de chasse. D'autres pensent qu'il se serait fondu dans le creuset du métissage biologique. Une dernière théorie penche pour l'éradication pure et simple d'Homo neanderthalensis par Homo sapiens.
Début 2009, en effet, Fernando Ramirez Rozzi, chercheur au CNRS, a exhumé les restes d'un homme de Néandertal qui semble avoir fait les frais d'une rencontre avec Homo sapiens. Il a été découpé de la même façon qu'un gibier. Selon le professeur Ramirez Rozzi, ses assaillants ont probable mangé sa langue et utilisé ses dents pour la fabrication de parures.
Steven Churchill, quant à lui, pense que les relations entre l'homme moderne et son lointain cousin ont pu varier d'une région à l'autre. Ses interactions, tantôt pacifiques, tantôt violentes ont sans doute contribuées (parmi d'autres facteurs), à la disparition la mort de l'espèce des Néandertaliens.

Sources : Time et CBS News


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