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Jules César Arlésien

Notre objet du jour est un buste en marbre de César, dont les médias ont beaucoup parlé depuis deux ans. Il est la pièce maîtresse de l'exposition César, le Rhône pour mémoire : 20 ans de fouilles dans le fleuve à Arles qui se tient au Musée départemental de l'Arles Antique jusqu'au 19 septembre 2010. Par ailleurs, en août prochain, auront lieu les manifestations annuelles du festival Arelate, journées romaines et, dans ce cadre, celui du film Péplum au théâtre antique d’Arles.

Le buste de César de a été découvert par Pierre Giustiniani, lors d'une campagne menée d'août à début octobre 2007, sur la rive droite du Rhône près de l'actuel quartier de Trinquetaille à Arles. Lors de la révélation du buste au public, Luc Long, conservateur en chef du patrimoine du DRASSM (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines) a expliqué qu'il s'agissait d'une découverte sans précédent à inscrire au patrimoine mondial. Il a ajouté que «Jusqu'à présent, on connaissait de 20 à 25 portraits de César si on élimine ceux de la Renaissance, et ils sont essentiellement posthumes.» Le buste daterait de la fondation de la colonie romaine par César, en 46 avant J.-C. Le dictateur romain souhaitait, par cet acte, remercier la cité celto-ligure, implantée là, de l'avoir aidé à faire tomber Marseille en construisant 12 galères de guerre dans ses chantiers navals.
Le portrait du Rhône, grandeur nature, représente l'empereur avec une calvitie et des traits dus à l'âge. En ce sens, il est typique de la série des portraits réalistes d'époque républicaine auxquels les archéologues l'ont comparé. Les portraits romains sont en effet datés grâce au style de l'artiste et les modes. Par exemple, le genre de coiffure ou la barbe varient selon les époques. Les archéologues français ont consulté de nombreux historiens de l'art et des spécialistes de la morphologie médico-légale. Selon Luc Long, « Le buste a notamment été comparé au masque de Turin, réalisé juste avant ou après la mort de Jules César ». Les portraits connus de Césars sont généralement identifiés grâce aux monnaies frappées à son effigie.
Les scientifiques pensent que l'assassinat de Jules César, le 15 mars 44, a convaincu les habitants d'Arles qu'il fallait se débarrasser des statues du dictateur, devenues encombrantes.

Les plongeurs du DRASSM ont exhumés de nombreux artefacts, parmi lesquels un chapiteau corinthien en marbre, une statue en bronze du satyre phrygien Marsyas de 70 mètres de haut et d'origine grecque hellénistique, ainsi qu'une statue de Neptune en marbre de près de 1,80 m de hauteur et qui serait datée du IIIe siècle après Jésus-Christ. Ces objets sont dans un état de conservation exceptionnel, dû au milieu très particulier que l'on retrouve dans la vase au fond du Rhône. Au total, plus de 500 objets, retraçant 20 ans de fouilles dans le fleuve à Arles et au large des Saintes-Maries-de-la-Mer sont actuellement présentés au Musée départemental de l'Arles Antique. L'exposition César, le Rhône pour mémoire raconte, sur une période s'étendant du 1er siècle au 4e siècle avant JC, toute la vie de l'antique cité et de son port : des objets liés à la navigation ou au commerce, des ancres romaines parfaitement conservées, un glaive romain complet, des amphores sur lesquelles l'étiquette est toujours visible, des vases en bronze, des portraits, etc.




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