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Comment les Tlingits se sont débarrassés des Européens

Regardez la photo de gauche. Impressionnant, n'est-ce pas ? Selon vous, de quoi s'agit-il ? D'un chien enragé qui a bénéficié des compétences d'un taxidermiste ? D'un masque d'Halloween pour faire fuir les petits enfants qui viennent frapper à votre porte et réclament des bonbons ? D'une parure pour amateurs d'accessoires gothiques ? Si vous avez lu le titre de cet article, a-priori, vous avez déjà une piste sérieuse.

Notre curiosité du jour est un casque de guerrier Tlingit du 18ème siècle. Originaire de l'Alaska Panhandle, au Nord-ouest de la Colombie Britannique (Canada), il est aujourd'hui exposé au Musée des Amériques à Madrid. Les Tlingits sont une nation autochtone, vivant traditionnellement de la pêche et de la chasse d'animaux marins comme l'otarie. Ce masque-heaume en bois et cuir, représente un loup. Il est emblématique des armures que les hommes portaient dans les batailles contre les envahisseurs. Les casques Tlingits reproduisent généralement les traits de leurs ancêtres, dont les esprits les protègent, ou d'animaux-totems agressifs, symbole de la bravoure d'un guerrier. Certaines pièces sont surmontées d'une crinière en poils. Un grand nombre d'éléments d'armures ont été découverts, au 19ème siècle, dans le bassin du Taku. Ils sont aujourd'hui exposés dans plusieurs musées du monde (notamment au Smithsonian Museum à Washington ou au Musée d'Anthropologie et d'Ethnographie de Saint-Petersbourg). Certaines pièces de collection ont été vendues aux enchères pour des sommes faramineuses: jusqu'à 2 millions de dollars pour un casque chez Fairfield en 2008.

Les Russes ont débarqué pour la première fois, sur le territoire des Tlingits, au milieu du 18ème siècle. Ils convoitaient les fourrures, essentiellement de loutres de mer qui sont les plus épaisses et les plus chaudes de la planète. Les marchands russes avaient en effet pratiquement décimé les populations de loutres de mer, pourtant florissante de la Sibérie. Ils ont donc navigué vers l'est, le long des côtes de la mer de Bering. Ils ont poursuivis vers les îles Aléoutiennes, puis le long des côtes d'Alaska vers la Colombie Britannique. Dans cette région, riche en Varech, les loutres abondaient. Les envahisseurs s'assurent de la coopération des autochtones en capturant femmes et enfants. En 1745, ils massacrent un groupe de 15 Aleutes sur l'île d'Attu. Les indigènes sont bien désarmés face aux armes à feu des Européens qui poursuivent leur périple vers le sud, jusqu'au territoire des Tlingits.

La société tlingite, très hiérarchisée, repose sur un système clanique et matrilinéaire. Elle compte plusieurs tribus, composées de nobles (les chefs de clans), de gens du commun et d'esclaves. Pour régler les différents qui les opposent à leurs voisins, les Tlingits organisent parfois des raids, arnachés de leurs typiques armures en lattes de bois (une ressource dont regorge leur territoire). On peut se demander toutefois comment cette dérisoire protection leur à permis de résister aux machines de guerre plus sophistiquées des Européens. On sait pourtant que l'explorateur russe, Alekseï Ilyich Tchirikov (1703-1748), est suffisamment impressionné par les Tingits pour rebrousser chemin vers l'Ouest. Par ailleurs, en 1802, les guerriers Tlingits parviennent à s'emparer du campement d'Archangel, sur l'île de Sitka, où Alexandre Andreïevitch Baranov, le directeur de la Compagnie Russe d'Amérique, avait fondé un comptoir de traite. Dans son Atlas des Indiens d'Amérique du Nord, l'écrivain américain Carl Waldman écrit que les Tlingits « portaient des masques d'animaux pour protéger leurs visages et des armures thoraciques en latte de bois, attachées grâce à des bandes de cuir, qui ont résisté aux balles russes ». Baranov reprend les lieux deux ans plus tard et rebaptise la capitale qui prend le nom de Nouvel-Archange. La résistance tlingite se poursuit néanmoins et, en 1867, les Russes qui n'ont jamais réussi à développer le commerce sur le territoire des Tlingits, vendent l'Alaska aux États-Unis.

Source : Time Machine


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