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Animaux et insectes de guerre

En période de conflits, il n'y a pas que les hommes qui participent à l'effort de guerre. Les animaux aussi sont appelés sous les drapeaux. Certains sont utilisés comme moyens de transport, d'autres comme messagers, boucliers, détecteurs de gaz toxiques, alarmes anti-bombes ou armes antichars. Éléphants, chevaux, chiens, chats, pigeons et dauphins ont ainsi payé un lourd tribut à l'esprit belliqueux des hommes. D'autres projets animaliers tels que les rats-explosifs ou les chauves-souris-bombes n'ont heureusement pas fait long feu.


Les chats sont employés comme armes de guerre depuis plus de 2500 ans. Le premier exemple connu de leur utilisation sur le front est celui de la bataille de Péluse, en Égypte. C'est grâce à eux (et à un cruel stratagème) que Cambyse II défit le pharaon Psammétique III, en 525 avant J.C. Le roi perse savait que les chats étaient sacrés en Égypte et décida de les utiliser contre son adversaire. Selon une première version des faits, les soldats perses auraient utilisé les félins comme boucliers, sachant que la loi égyptienne interdisait de les tuer. Il existe une variante de ce récit stipulant que les assaillants se seraient contentés de catapulter les chats sur le champ de bataille. Une chose est sure, les Égyptiens ont préféré s'incliner plutôt que de risquer la mort accidentelle d'animaux sacrés.
Pendant la première guerre mondiale, les britanniques ont embauché plus de 500 000 chats. Si une bonne partie était utilisée comme ratiers, certains servaient de détecteurs mobiles de gaz (un peu comme les Canaries qui permettaient d'alerter les mineurs en cas de fuite de gaz).
Pendant la seconde guerre mondiale, un esprit tortueux de l'Office of Strategic Services (l'ancêtre de la CIA) eut l'idée d'utiliser des chats-bombes contre les navires allemands. Le plan consistait à accrocher une bombe à l'animal et à le jeter à l'eau. Sachant que les chats détestent être mouillés et qu'ils retombent toujours sur leurs pattes, les militaires américains étaient persuadés qu'ils iraient immédiatement se réfugier sur le pont d'un bateau ennemi. Les tests ne furent pas concluants puisque les félins tombaient dans les pommes à mi-parcours.
Pendant la guerre froide, les Américains envisagèrent d'équiper les chats de mouchards et de les envoyer chez les Russes. Le projet, appelé Opération Accoustic Kitty, nécessita 5 ans de travail et 15 millions de dollars. Il tourna rapidement court puisque, lors d'un premier essai, le chat fût écrasé par une voiture avant même d'avoir atteint son objectif.


Les chiens sont également utilisés sur les champs de batailles depuis des siècles. Leur emploi a évolué au fil du temps puisqu'on les d'abord utilisés pour leur flair, puis pour mordre les jarrets des chevaux ou encore pour effrayer les soldats et désorganiser les lignes ennemies. Durant l'antiquité, on utilisait de véritables molosses qu'on habillait d'armures et de colliers cloutés. On sait, grâce à Plutarque et Pline l'Ancien, que le chien d'Alexandre Le Grand, Péritas, était entraîné pour les batailles. On pourrait citer de nombreux exemples comme celui des chiens de guerre d'Attila ou des tueurs canins des Conquistadors espagnols. Les chiens étaient aussi utilisé comme messagers, notamment durant la guerre de Sept Ans (1756-1763) qui opposa la France et l'Angleterre à la Prusse et à l'Autriche, mais aussi pendant la Guerre de Sécession américaine.
L'exemple le plus marquant est sans doute celui des chiens antichars, que les Soviétiques avaient dressé pour transporter des explosifs sous les tanks ennemis. Un système de détonateur à distance permettait de faire exploser la bombe lorsque l'animal (appâté avec de la nourriture) se trouvait à proximité du char. Selon les sources soviétiques, les chiens antichars aurait permis de détruire 300 véhicules Allemands pendant la seconde guerre mondiale. Les animaux constituaient, en effet, des cibles difficiles à atteindre (trop petites et trop rapides) pour les mitrailleuses imprécises des chars. Finalement, les soldats allemands ont reçu l'ordre de tirer à vue sur tous les animaux suspects et les véhicules ont été équipés de lance-flammes.


Au Royaume-Uni, la guerre secrète contre les Nazis a engendré une multitude de projets et de gadgets technologiques. Une section spéciale (appelée Section XV) a été mise en place au sein des services secrets britanniques, le SOE (British Special Operations Executive), sous l'égide d'un certain Charles Fraser Smith. Son objectif était de développer des outils ultras sophistiqués. Parmi ses projets, le plus connu est celui des rats explosifs qui fut initié en 1941. Le plan consistait à insérer des explosifs dans la carcasse d'un rat évidée puis de glisser le rongeur dans un sac de charbon destiné aux chemins de fer. Lorsqu'il serait jeté dans la chaudière, il la ferait ainsi exploser avec le train. Ce projet est tombé à l'eau puisque la première cargaison a été saisie par les Allemands. L'idée les a néanmoins assez impressionné pour que les rats explosifs soient exposés dans les meilleures écoles militaires du pays.
Dans un esprit similaire, les Américains ont imaginé divers projets insensés (dont certains ont abouti) tels que les bombes Chauves-souris, les pigeons missiles ou les dauphins détecteurs de mines sous-marines. Les premiers à recruter des mammifères marins dans les rangs de l'armée étaient les Suédois. A partir de 1942, ils ont utilisé des phoques pour faire sauter des navires allemands. L'US Navy emploie des otaries et des dauphins depuis les années 60. Les dauphins disposent, en effet, d'un sonar très performant qui leur permet de repérer des objets en eau profonde. Il suffit de les dresser à la détection des mines. Ces dauphins-soldats ont été mobilisés à diverses reprises, notamment pendant la guerre du Vietnam et, plus récemment, en Irak.
Parmi les derniers projets imaginés par les scientifiques du Pentagone, on peut citer la création d'une armée de cyber-insectes qui pourrait être contrôlés à distance. Leur rôle serait confiné à la transmission de messages et à la recherche d'explosifs. L'idée consisterait à insérer un micro système dans l'organisme d'une chrysalide afin qu'elle l'intègre complètement.


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