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Les Aborigènes d'Australie ont-ils découvert l'Amérique ?

Qui a découvert l'Amérique ? Le débat est loin d'être clos. Est-ce Christophe Colomb en 1492, la flotte chinoise de l'amiral Zheng He en 1421 ou des Vikings conduits par Éric le Rouge en 986 ? Mais le continent était déjà habité. S'agit-il alors des peuples venus de Sibérie, arrivés il y a 13 000 à 25 000 ans, comme l'ont prétendu récemment les chercheurs Russes ? Dans son numéro d'octobre-novembre 2010, le magazine australien Cosmos publie un article annonçant que les ancêtres des aborigènes seraient, en fait, les premiers a avoir débarqué en Amérique.

Selon le biologiste Walter Neves, de l'Université de São Paul, il existe de nombreuses preuves qu'au moins deux populations différentes ont colonisé les Amériques. Le chercheur et ses collègues ont exhumé, en Amérique du sud et centrale, des centaines d'ossements crâniens apparentés aux aborigènes d'Australie et datés de 11 000 ans. Les seconds arrivants seraient des populations d'apparence Mongoloïde dont la morphologie est proche des peuples originaires d'Asie de l'est et du sud. Ils seraient entrés en Amérique par la Sibérie et seraient les ancêtres de la plupart des populations amérindiennes modernes.
Jusqu'à ces dix dernières années, les spécialistes considéraient que la culture Clovis était la plus ancienne du continent américain. Les Clovis seraient passés par le détroit de Béring, la Sibérie et l'Alaska, lors de la dernière période glaciaire, il y a plus de 10 000 ans. Dans les années 1990, le docteur Neves et son équipe ont réexaminé un squelette féminin, exhumé dans les années 70, dans la grotte de Lapa Vermelha, au centre du Brésil. Luzia, ainsi que l'on nommé les scientifiques, est le plus ancien squelette découvert à ce jour. Sa datation, entre 11 000 et 11 400 ans, reste imprécise car le collagène contenu dans les os est très dégradé. Les chercheurs ont donc utilisé les couches de sédiments qui se trouvaient au-dessus et en dessous des ossements. Le menton de Luzia est plus avancé que son front, sa boîte crânienne est étroite et allongée, son nez et ses orbites sont bas. Ces éléments sont caractéristiques des populations qui ont quitté l'Afrique, il y a 100 000 ans, puis se sont déplacées jusqu'en Australie (50 000 ans) et en Mélanésie (40 000 ans).

Depuis les années 1990, l'équipe de Walter Neves a découvert des centaines d'ossements crâniens similaires, sur sept sites différents, localisés entre le sud de la Floride et le sud du Chili. En 2005, les résultats de leurs recherches ont été publiés dans la revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences. Ils étaient basés sur l'étude de 81 squelettes, tous découverts sur le même site de fouilles. En juin 2010, un second article, paru dans PLoS ONE, montre que les Aborigènes ne peuvent pas être les ancêtres directs des populations amérindiennes, ni partager un ancêtre commun. Il s'agit bien de deux populations différentes. Jusqu'à aujourd'hui, toutes les analyses ADN pointent vers une entrée unique des populations Amérindiennes par la Sibérie.
Selon le Dr Neves, le manque d'adéquation entre les données morphologiques et moléculaires peuvent s'expliquer par un événement très fréquent dans l'évolution, à savoir la perte de lignées d'ADN au fil du temps. Sa théorie est qu'il y aurait eu un remplacement des populations d'Amérique du Sud, à l'instar de celles d'Asie de l'est, au tournant du Pliocène et de l'Holocène. En clair, les peuples d'origine auraient été absorbés par les colonisateurs. Par ailleurs, Walter Neves et son équipe n'ont encore détecté aucun indice de croisement entre les deux populations. Le biologiste pense néanmoins en découvrir très bientôt car il semble peu probable que les populations aient cohabité 10 000 ans sans se rencontrer.



Source: Cosmos Magazine


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