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Aux origines de la peste noire

Les derniers tests, réalisés par les anthropologues de l’Université Johannes Gutenberg à Mayence en Allemagne, ont prouvé que Yersinia pestis est la bactérie responsable de la peste noire qui a ravagée l’Europe au Moyen-âge. Les résultats de leurs travaux ont été publiés dans le numéro d’octobre 2010 de la revue scientifique PLoS Pathogens.

Les origines de la peste noire ont donné lieu à de nombreuses controverses jusqu’à aujourd’hui et les scientifiques ont envisagé une bien d’autres agents pathogènes, notamment pour les foyers situés dans les régions de l’Europe du nord. Grâce à une série de tests ADN et d’analyse de protéines, réalisés sur les squelettes des victimes de la peste, l’équipe est arrivée à la conclusion que le Yersinia pestis est effectivement responsable de l’épidémie qui a sévi au 14ème siècle, mais aussi des répliques qui sont apparues ponctuellement pendant encore 400 ans. Les tests génétiques ont porté sur 76 squelettes humains originaires de 5 pays européens (Allemagne, France, Italie, Pays-Bas et Royaume-Uni). Selon le Dr. Barbara Bramanti, cette méthode a permis de mettre en évidence au moins deux chaînes de contagion, qui ont permis à l’épidémie de traverser le continent européen par des chemins individuels.

Contrairement à des infections comme la lèpre, dont on peut observer les symptômes longtemps après la mort, il n’est pas si aisé de repérer les victimes de la peste, dont les os ne sont pas déformés. Les malades peuvent mourir en quelques jours et sans que l’infection ne laisse de traces visibles sur leurs corps. Néanmoins, il arrive que l’on puisse identifier l’ADN du pathogène dans la pulpe des dents ou dans les protéines contenues dans les os. Parmi les 76 sujets étudiés, 10 spécimens originaires de France, de Grande-Bretagne et des Pays-Bas ont dévoilé un gène spécifique de Yersinia pestis. Les échantillons venus de Parme et de Augsbourg n’ont, dans un premier temps, donnés aucun résultat. Les chercheurs les ont donc soumis à une autre technique d’analyse, appelée immunochromatographie (cette méthode peut-être comparée aux tests de grossesse qui s’utilisent à domicile). Cette fois, le succès était au rendez-vous.

Une fois que l’infection par Yersinia pestis a pu être démontrée, les docteurs Stephanie Hänsch et Barbara Bramanti ont procédé à des tests de contrôle. Elles ont utilisé 20 marqueurs dans le but de repérer la présence éventuelle des bactéries "orientalis" et "medievalis". Aucune des deux formes n’ont pu être identifiée. En revanche, les scientifiques ont observé deux autres types de pathogènes inconnus. Ils différaient fortement des pathogènes modernes que l’on trouve en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique, et dans les anciens pays de l’est. La première bactérie semblait proche de celle qui a ravagé l’Europe au Moyen-age ; tandis que la seconde était similaires à des formes isolées récemment en Asie.

A partir de ces différents éléments, les deux chercheuses ont pu reconstituer les deux chaînes de transmission de l’épidémie de peste noire. La première semble importée d’Asie, et serait arrivée à Marseille en novembre 1347, avant de se propager dans la France de l’Ouest et du Nord, jusqu’en Angleterre. Puisqu’un second type de Yersinia pestis a été découvert sur les spécimens de Bergen op Zoom, aux Pays-Bas, les scientifiques ont évacué la possibilité que cette région ait été contaminée par le sud. Elles pensent, au contraire, que les Pays-Bas ont été infectés depuis les régions du nord. Cette seconde chaîne de contagion serait passée par la Frise et la Norvège. Des recherches complémentaires devraient confirmer cette théorie prochainement.


Source : Physorg


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