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1er novembre 1755: le tremblement de terre de Lisbonne

Le 1er novembre 1755 un tremblement de terre dévastateur frappe la capitale du Portugal. Plus de 50000 personnes trouvent la mort et la ville est presque entièrement détruite.

En ce prospère 18ème siècle, Lisbonne est l'une des plus grande ville d'Europe. Près de 10% des trois millions de portugais vivent dans la capitale (soit 235.000 personnes). La cité, qui s'est enrichie grâce à l'or et aux diamants importés de ses colonies, et notamment du Brésil, est l'un des plus grands ports de la côte Atlantique. Non seulement Lisbonne joue un rôle crucial dans le commerce mondial mais elle est aussi un centre majeur de la religion catholique.

Le jour de la Toussaint, à 9h40 du matin, Lisbonne est secouée de trois tremblements de terre successifs à 10 minutes d'intervalle. Selon les estimations, le plus fort aurait atteint une magnitude de 8 à 9 sur l'échelle de Richter. La secousse aurait été ressentie jusqu'au Maroc.


Un gigantesque raz de marée, dont les vagues atteignent 6 mètres de hauteur, déferle sur la côte. Les bâtiments sont détruits et les fidèles venus assister à l'office des défunts meurent dans les églises submergées. Des feux éclatent ensuite en différents points de la ville, se propageant rapidement grâce à la force du vent. Le palais royal, la bibliothèque, les archives et 85% des habitations sont détruites. La majeure partie du patrimoine culturel de la cité disparaît ainsi pour toujours. Beaucoup d'habitants sont néanmoins parvenus à quitter la ville, y compris quelques centaines de prisonniers parvenus à s'échapper de leurs prisons. Le bilan humain est tout de même estimé entre 50 000 et 100 000 morts (selon les sources).


C'est le marquis de Pombal (1699-1782) qui se voit assigner la tâche de rebâtir la ville. Les rues étroites et sinueuses, qui desservaient jadis la ville, sont remplacées par de larges avenues. Sur le bord du Tage, une monumentale place du commerce est érigée à l'emplacement de l'ancien Palais Royal. La reconstruction de Lisbonne est aussi une des premières occasions d'utiliser les bâtiments en préfabriqué. Bien que la rénovation de la cité se solde par un succès, les autorités religieuses continuent de proclamer que le désastre était une manifestation de la colère divine face aux multiples péchés commis par les habitants de Lisbonne. Voltaire mentionne l'évènement dans son Candide et dans un poème intitulé Poème sur le désastre de Lisbonne :

"O malheureux mortels ! ô terre déplorable !
O de tous les mortels assemblage effroyable !
D’inutiles douleurs éternel entretien !
Philosophes trompés qui criez : « Tout est bien » ;
Accourez, contemplez ces ruines affreuses,
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,
Ces femmes, ces enfants l’un sur l’autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés ;
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l’horreur des tourments leurs lamentables jours !
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous : « C’est l’effet des éternelles lois
Qui d’un Dieu libre et bon nécessitent le choix ? »
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes :
« Dieu s’est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes ? »
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants ?
Lisbonne, qui n’est plus, eut-elle plus de vices
Que Londres, que Paris, plongés dans les délices :
Lisbonne est abîmée, et l’on danse a Paris.
Tranquilles spectateurs, intrépides esprits,
De vos frères mourants contemplant les naufrages,
Vous recherchez en paix les causes des orages :
Mais du sort ennemi quand vous sentez les coups,
Devenus plus humains, vous pleurez comme nous.
Croyez-moi, quand la terre entr’ouvre ses abîmes,
Ma plainte est innocente et mes cris légitimes.(...)"
(extrait du Poème sur le désastre de Lisbonne, Voltaire, 1756)


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