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Enigma: les symboles de l'église du Gesu Nuovo décodés

La scène se déroule à Naples en Italie. Sur la place du Gesù Nuovo (le nouveau Jésus) se trouve une façade assez atypique. Des pierres grises lui donne un côté austère, inquiétant, renforcé par l'absence d'ouverture (3 fenêtres et 3 portes de dimensions ridicules par rapport à la surface de la façade). Cependant, les motifs géométriques (des pyramides à bases carrées) qui ornent ce mur, intriguent toujours les visiteurs. Nous sommes face à l'église du Gesù Nuovo


La facade de l'église Gesu Nuovo


Cette église est de style baroque: l'intérieur dénote complètement avec la sobriété de l'extérieur: marques roses, stuc, sculptures, colonnes, dorures, fresques... Une église dans un corps de forteresse: Michel-ange rencontre Vauban.... Ce monument n'a pas toujours été une église. A l'origine c'est un palais construit en 1470 pour Roberto Sanseverino, le prince de Salerne.



Le dome.

Roberto Sanseverino est un descendant des barons normands qui se sont installés dans le Sud de l'Italie au Xéme siècle. Quelques siécles plus tard, la succession du roi de Naples, Alphonse le Magnanime, se passe mal. Son successeur légitime, son fils Ferdinand, est contesté par les grands barons du royaume. La révolte gronde est une conjuration des barons se forme, à sa tête Antonello II Sanseverino. Très vite le complot est déjoué, les principaux chefs exécutés, Antonello parvient à s'échapper et fuit en France. La situation redeviendra à la normale après les guerres d'Italie de Charles VIII. Pas pour très longtemps, en 1547, des émeutes éclatent à Naples. Cette fois-ci, la noblesse se révoltent contre l'installation de l'inquisition espagnole dans la ville. C'est le début d'une longue période de décadence pour la cité italienne. Ferdinando Sanseverino (le fils du précédent) est disgracié et doit s'exiler en France où il meurt à Avignon en 1568. Ses biens sont confisqués et notamment son palais de Naples.

Le palais est alors vendu aux Jésuites qui le convertissent en basilique. L'intérieur est totalement remanié mais ils gardent cependant la façade. Sur cette façade, chaque pierre est marquée d'un symbole, une lettre de l'alphabet araméen. Ces lettres ont longtemps intrigué les curieux. Le faible nombre de lettres ne pouvait pas retranscrire un message codé, et finalement ces signes ont été interprété comme des signatures marquant l'origine de la pierre: ses griffes pouvant servir à identifier la carrière d'extraction de la pierre et ainsi permettre de rémunération du fournisseur.

Exemples de symboles gravés sur la facade.

La légende prétend que ces symboles étaient un glyphe de protection destiné à éloigner le mauvais œil du palais et à canaliser les énergie positives à l'intérieur du palais (d'où la forme pyramidale des pierres). Mais pour de mystérieuses raisons, les symboles ont été gravés à l'envers, provocant l'effet inverse et la disgrace de la famille Sanseverino.

Dernièrement, l’historien de l'art italien Vincenzo De Pasquale, Csar Dors un jésuite expert en araméen et Lòrànt Réz un musicologue hongrois ont percé le mystère de ces symboles. Les septs symboles sont en fait les septs notes de la portée de musique.

Le morceau composé est de style Renaissance et suit un canon grégorien. Il peut être écouté sur le lien suivant:


Le morceau dure 45min et a été baptisé Enigma. Il est initialement prévu pour des instrument à cordes mais a été enregistré pour le moment sur un orgue. Il est prévu de le jouer prochainement dans l'église du Gesu Nuovo.

Un code « formalisé » pour composer une partition musicale est extrêmement rare à cette époque. Mais apparemment, c'est une habitude des barons de Sanseverino qui possédent également un deuxième palais avec des notes de musique gravées dans la pierre.


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