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Stonehenge: la balade des pierres bleues

« Rien ne se perd, rien ne se crée tout ce transforme ». Quand Lavoisier a énoncé cette maxime, peut-être parlait-il de Stonehenge. Nouvelle équipe, nouvelle théorie qui vient contre-carrer ou plutôt encore plus compliquer le puzzle du célèbre cercle de pierre et le travail de nos ancêtre du bronze.

Cette nouvelle étude a été menée par Rob Ixer de l'Université de Leicester, par le Nick Pearce de l'université de Aberystwyh et par Richard Bevin du Musée national du Pays de Galles. Cette fois-ci, pas de chimiste, de physiciens, d'historiens et d'archéologues, faisons place aux géologues.

Cette équipe s'est intéressée aux origines des pierres bleues « bluestones », les petites pierres de l'édifice: 4 tonnes en moyenne. Stonehenge est géologiquement plus compliqué qu'il n'y paraît: un cercle extérieur de pierre de grande taille en grès « sarsen » de 50 tonnes pièce avec à l'intérieur un second cercle de pierres bleues , puis le fer à cheval en « sarsen » et la pierre centrale ou l'autel en « sarsen ».

« Suivez ce rocher s'il vous plaît! » tel fut le mot d'ordre des premiers chercheurs "scientifiques" du monument. La pierre bleue est une pierre volcanique: la dolérite, une roche magmatique holocristalline (je rajoute ça pour épater vos amis, lors de vos nombreuses réceptions). Ce sont des roches qui se sont solidifiées en profondeur, donc très lentement et qui sont fortement cristallisées (comprenez, les atomes sont très bien ordonnés). En 1923, on repère ce type de roche dans les collines de Mynydd Preseli à l'Est de Fishguard. Il reste juste à expliquer comment faire voyager des blocs de 4 tonnes sur une distance de 400km à l'âge de bronze. Le mystère reste entier même si des solutions ne manquent pas de sortir régulièrement.



«Alors quoi de nouveau depuis 1923? » la technologie. Nous sommes capables maintenant d'analyser précisément la matière. Et c'est ce qu'ont fait nos géologues. Ils ont trouvé que toutes les pierres bleues ne sont pas chimiquement similaires et que surtout toutes ne proviennent pas de Mynydd Preseli.

Je ne vais pas préciser la nature des travaux, mais au vue des bêtises que je vois sur l'internet, je me sens obligé de préciser quelques points technologiques: l'ablation laser est un technique qui consiste à focaliser un laser (ultraviolet la plupart du temps) sur un objet. L'UV est absorbé par l'objet qui s'échauffe et se pulvérise en très fin agrégat (de l'ordre du nanomètre). Les agrégats pulvérisés peuvent ensuite être recueillis pour être analysés par spectromètrie de masse par exemple.

Après quelques comparaisons, Ixer et al. ont trouvé des similitudes entres les pierres bleues de Stonhenge avec celles de Pont Saeson près de Newport , toujours au Pays de Galles, mais encore plus au Nord que Mynydd Preseli.

La technologie épaissit le mystère! Nous pouvons nous dire, les bons hommes de l'âge du Bronze ont transporté des pierres sur 400km, ils ne sont plus à quelques dizaines de kilomètres près. Mais ces kilomètres ont leur importance. Mynydd Preseli est en hauteur et la plus grande partie du trajet terrestre jusqu'à Milford Haven, où les pierres étaient peut-être ensuite transportées par voie navigable, se faisait en descente. Ce n'est pas le cas de Pont Saeson qui est de l'autre côté des collines par rapport à Milford Haven.

Si Stonehenge ne révèle aucun mystère, il a au moins le mérite de déchaîner quelques enthousiasmes, et quelques passions. Ca fait toujours du bien à notre époque de voir que le travail non lucratif marche toujours. Le secret de Stonehenge est de permettre la communication entre des communautés scientifiques et humaines de disciplines différentes. Vivement la prochaine découverte!

Source: ArchNews.com


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