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Les Affamés de Saqqara : sculpture pré-pharaonique ou canular ?

Cela fait plus d’une décennie que les historiens de l’art et les archéologues de l’université de Concordia à Montréal s’interroge sur l’origine d’une mystérieuse statue égyptienne. Les chercheurs n’ont pas encore déterminé s’il s’agit d’un artefact datant de plusieurs milliers d’années ou d’un faux sans valeur historique.

Clarence Epstein, le directeur des affaires culturelles a expliqué aux journalistes de la chaîne canadienne CTV qu’il s’agissait d’une pièce originale et, de ce fait, difficile à authentifier. Cette statue en calcaire mesure 67 cm de haut et pèse 80 km. Elle représente deux personnages enlacés. Leurs têtes sont très allongées et ils sont affublés de longues jambes effilés. Ces frêles modèles ont valu à la statuette le surnom d’Affamés de Saqqara. Les traces de pigments indiquent que la sculpture était peinte. Par ailleurs, les inscriptions semblent anciennes mais ne ressemblent à aucun langage connu. Les archéologues canadiens ont consulté sans succès de nombreux experts en Israël, aux Etats-Unis, et au Royaume-Uni, parmi lesquels ceux de l’Université de Cambridge et du British Museum.

La statue est arrivée au Canada en 1999. Elle provenait de la collection de Vincent et Olga Diniacopoulos, des immigrants grecs installés en France, et qui avaient rassemblé de nombreuses antiquités d’origine méditerranéenne. Les pièces ont été dispersées dans des collections privées et des musées du monde entier. Néanmoins, la sculpture a été exposée dès les années 1950, à la Galerie Ars Classica de Montréal qui appartenait à la famille Diniacopoulos. Les historiens ne disposent que de peu d’informations sur son acquisition par les collectionneurs grecs. Saqqara, nécropole de la capital antique de Memphis, semble avoir peu de lien avec la statue.

Pour Clarence Epstein, la conclusion la plus vraisemblable, serait que la fabrication de la statue soit antérieure aux pyramides égyptiennes. Selon sa théorie, la sculpture pourrait provenir d’un cimetière primitif ou d’une sépulture modelée avant l’avènement des premiers pharaons. L’artefact serait donc vieux de plus de 4 000 ans. L’historien suisse Jean-Jacques Fiechter, auteur d’un essai sur les Affamés de Saqqara, partage l’opinion de M. Epstein sur l’authenticité de la statue. Il s’appuie sur le fait que Vincent Diniacopoulos était un collectionneur expérimenté et fin connaisseur des antiquités. Il n’aurait jamais acheté cette pièce s’il avait douté de son intérêt historique et ne l’aurait certainement pas acheminée jusqu’au Canada pour la présenter au public.

Les chercheurs de Concordia ont restauré l’artefact pour une exposition, dans le cadre d’une conférence intitulée "Life and Death in Ancient Egypt: The Diniacopoulos Collection” (Vie et mort dans Égypte ancienne : la collection Diniacopoulos) et qui se tenait au Musée des Beaux Arts de Montréal, le 16 mars dernier. L'Université de concordia a publié un ouvrage éponyme en français et en anglais, dont les textes ont été réunis par Jane E. Francis et George W.M. Harrison.





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