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Australopithèque, boucherie et polémique

Tout commence en Août 2010, avec les résultats d'un travail de Shannon Mc Pherron du Département de l'Evolution Humaine de l'Institut Max Planck pour l'Anthropologie de l'Evolution de Lepizig (en Allemagne). Dans sa communication Mc Pherron repousse l'artisanat de la boucherie de 800 000 ans en annonçant avoir trouvé des marques de tailles sur des ossements de bovins et de chèvres retrouvés en Ethiopie sur le site de Dikika.


Les ossements, datés de 3,4 millions d'années, montrent pour équipe de l'Institut Max Planck, des traces de coups portés à l'aide de pierres. Aucune pierre n'a été retrouvée sur les lieux, mais le site est connu pour avoir accueilli des Australopithecus afarensis dont le plus célèbre représentant est Lucy. Shannon Mc Pherron et Zeray Alemseged de l'Académie des Sciences de Californie et leader du projet Dikika, publient ainsi un article sur la consommation de viande provenant de gros mammifères en Août 2010. Des traces d'activités bouchères + Austrolopithèque, le lien est établi et il fait grand bruit. Jusqu'ici, Lucy était considérée comme un individu vivant essentiellement de la cueillette. La transformation en bouchère ne se passe pas sans heurt.

La contre offensive est menée par Manuel Domínguez-Rodrigo du département de Préhistoire de l'Université Complutense de Madrid qui, dès Novembre, publie un article montrant que les marques sur les ossements peuvent provenir du piétinement d'animaux. Curtis W. Marean de l'Ecole de l'Evolution Humaine et des Changements Sociaux de l'Université d'état de l'Arizona et membre d'une équipe de recherche sur le site de Dikika, réplique en affirmant que les traces dont il est question dans l'article de Mc Pherron ne sont étudiables qu'à partir des ossements et non à partir des photographies qui ont servi de base d'étude à l'équipe espagnole.


Depuis, le débat continue mais la thématique s'est déplacée. Les traces laissées sur les ossements sont-ils dus à des chocs avec des pierres taillées ou des pierres brutes? Les tests réalisés par les équipes « pro-boucherie », montrent que ces marques sont le résultat d'une taille avec des pierres naturelles non taillées. Ces test ont été par ailleurs confirmés par l'équipe de Dominguez-Rodrigo. Les deux camps enfin d'accord? Non, car même si Dominguez-Rodrigo reconnaît les faits possibles, il ne manque de préciser que, pour le moment, aucune preuve ou indice n'a pu écarter l'hypothèse du piétinement des os par des animaux.

La querelle entre sceptiques et enthousiastes ne semble pas prête de se terminer. La présence simultanée d'ossements, de pierres et de squelettes d’Australopithèques semble être la seule preuve capable de réconcilier les archéologues. Mais les probabilités d'une telle découverte sont extrêmement minces. Dans tous les cas, cette polémique montre que l'archéologie est une science on en peut plus vivante.


Images: Dikika Research Project


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