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Le Sangatte à la mode romaine

Non ce n'est pas une recette de cusine qu'Historizo vous propose mais une découverte effectuée près de Vindolanda en Angleterre connu aussi sous le nom de fort romain de Chesterholm. Le site de Vindolanda se trouve sur la première frontière de la Bretagne romaine ou Britania marquée par la chaussée Stanegate. Vindolanda fut une installation romaine importante occupée durant près de 300 ans. Elle fut construite avant l'édification du célèbre mur Hadrien puis d'être incorporée dans son réseau de forts.


Cliquer ici pour voir l'image plus large sur le site Hadrian Wall's Live

Vindolanda est un lieu de recherche archéologique très actif. La longue période d'occupation du camp et du village attenant ont profondément marqué le paysage. Les découvertes tant militaires que civiles sont nombreuses: bain, casernement, temple romain et celtique...

Le mois dernier, une équipe d’archéologues dirigés par Andrew Birley, directeur des fouilles du site de Vindolanda, a découvert les fondations d'une centaine d'habitations temporaires à l'intérieur du camp fortifié romain. Des casernements dans un camp fortifié ne semblent pas une si grande surprise. Cependant plusieurs indices viennent perturber cette première et très logique déduction. Pour le moment, aucune archive ne fait mention d'une accumulation de forces militaires à Vindolanda en vue d'une attaque ou d'une défense exceptionnelle. De plus, les troupes romaines étaient répartie tout le long du mur Hadrien et non concentrées en quelques points stratégiques. Les constructions sont des huttes d'architecture civile; les soldats habitant des baraques rectangulaires.


Chesterholm. Source: The North East Of England

Ce type d'habitations peut être retrouvé dans la campagne environnant le mur d'Adrien. Ce campement provisoire aurait pu alors servir de camp d’accueil pour les populations du Nord du mur fuyant les tribus écossaises en guerre contre les Romains. On sait que les Romains établissaient des zones tampons entre les frontières et les territoires barbares (i.e. non romains). Dans ces territoires, ils entretenaient des relations économiques fortes avec les populations. Les conquêtes étant autant d'ordre militaire qu'économique pour l'Empire romain. Avec la construction du mur d'Hadrien, ces populations se sont retrouvées totalement isolées des troupes romaines et auraient pu être victimes de représailles de la part de leurs « co-patriotes » toujours hostiles aux envahisseurs. Ces conflits internes entre Ecossais sont établis par des registres datant de 208 à 211 durant le règne de Septime Sévère.

L'accueil des réfugiés est un principe de base dans les guerres de conquête de Rome. On sait qu'ils accueillaient le mieux possible dans des camps de transit avant d'envoyer les réfugiés dans différentes zones d'installation de l'Empire. Cette démarche n'avait rien de philanthropique mais servait à réguler les flux de population, ainsi qu'à homogénéiser et réguler la démographie en fonction des terres disponibles et de leurs valorisations possibles. Ce processus permettait également de « romaniser » les populations arrivantes. Comme le montre Alessandro Barbero, dans son livre Le Jour des Barbares , un couic dans ce procédé mènera, en 376, l'empire romain à sa perte. Ce problème ne vient pas des populations accueillies mais de l'administration chargée de les accueillir. En effet, le comte Lupicinus, gouverneur militaire de Thraces, et le duc Maximus, commandant des troupes à la frontière, réalisèrent de substantiels profits en détournant les vivres destinées aux populations Goths fuyant devant l'avancée des Huns. Les mauvaises conditions d’accueil et la famine finirent par mener les Goths à la révolte.


Plan du fort. Source: The Castrum and the Quonset Hut

La découverte de Vindolanda confirme, certainement, la politique d'immigration mise en place par les Romains. Une politique humaine (même les constructions temporaires ont réussi à traverser les siècles) qui, si elle n'est pas dénuée d'un fond économique, devrait au moins susciter la curiosité de certains dirigeants politiques. Dans tous les cas, la leçon finale est à retenir.


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