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Sénakht-en-Rê: la fin d'un mythe

Qui a déjà entendu le nom de Sénakht-en-Rê? Quelques amateurs d'égyptologie sans doute. Grâce à une découverte du Centre Franco-Egyptien d'étude du temple de Karnak le pharaon classé par de nombreux égyptologues dans la catégorie des mythes, le pharaon de la XVIIè dynastie retrouve sa réalité.

Il existe très peu de vestiges de la XVIIè dynastie qui régnait sur l’Égypte aux environs de 1600 avant JC. A cette époque, l'Egypte n'existait plus sous la forme d'un royaume uni. Cette dynastie est même parfois qualifiée de Monarchie Fantôme. En effet, depuis -1700, L'Egypte est soumise à des conquêtes étrangères. Des rois étrangers ou Hyksôs régnent alors sur des parties de l'Egypte. On compte 6 pharaons étrangers dans la XVè dynastie. Ces dirigeants étrangers régnis alors sur la Basse et Moyenne Egypte. La Haute Egypte restait le royaume des Thébains. Cette situation demeura jusqu'à l’avènement de la XVIIIè dynastie vers -1550.
L'origine géographie des Hykôs est mal connue. Il proviennent certainement de différentes régions d'Asie occidentale (Caucase, Iran) et de Phénicie. Ils auraient importés en Egypte leur art de la guerre: chars, cheveaux, l'arc composite, de nouveaux types de flèches, la cotte de maille... Cette avance technologique aurait permis une conquête facile de l'Egypte. Cependant, aucune preuve de cette invasion n'a été trouvée et nombres d'historiens privilégient une infiltration pacifique de la population et une arrivée au pouvoir alors que le royaume égyptien était en pleine décadence. Ils considèrent les Hyksôs avant tout comme une ensemble de commerçants et une force économique.

Mais revenons à la découverte du Centre Franco-Egyptien d'Etude du Temple de Karnak. Cette équipe du CNRS a découvert en février un montant et un linteau de porte taillé dans du calcaire. Cette trouvaille se trouve dans des couches où on déjà été trouvé de céramiques datées de XVIIè dynastie. Après extraction des pierres (2m de haute, 1 tonne), les archéologues ont découvert qu'elles marquient l'entrée d'un grenier. Et mieux encore, des hiéroglyphes donnent le nom du pharaon qui a ordonné sa construction: Sénakht-en-Rê.

C'est le premier document contemporain du pharaon jamais découvert. Jusqu'à maintenant l’existence de Sénakht-en-Rê n'était avéré que dans trois documents rédigés au cours de la XVIIIè et de la XIXè dynasties. Des rédactions tardives sans doute utilisées comme propagande par des pharaons voulant asseoir leur autorité sur un ancêtre responsable de l'âge d'or de l'Egypte. Et dans ce cas, quoi de mieux que de se trouver un aïeul, 200 ans plus tôt ?

La titulature gravée sur la porte, indique le nom de pharaon et 4 titres: « Horus », « Roi de Haute et Basse Égypte » et « Fils de Rê », ce qui certifie l’identité d'un souverain. Une dernière constation: les pierres trouvées proviennent d'une carrière de calcaire de Tora au Sud du Caire. Le Caire, sous le régne de Sénakht-en-Rê, était dans le royaume dirigé par les Hyksôs. On imagine mal le pharaon ordonnant la construction d'un bâtiment administratif à Thèbes avec des pierres commandées dans un royaume ennemi. Cette découverte étaye donc l'hypothèse de relations commerciales et relativement pacifiques entre les deux royaumes d'Egypte.


Source: CNRS
Image: © CNRS-CFEETK / S. Biston-Moulin


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