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Le roi Arthur a-t-il existé ?

La légende nous dit qu'Arthur, fils du chef de clan Gallois Uther Pendragon, aurait été un roi puissant et avisé, maître du somptueux châteaux de Camelot et leader charismatique capable de réconcilier les peuples. Arthur, armé de la célèbre Excalibur, aurait combattu tous ses ennemis sans jamais faiblir et conquit l'Angleterre. Trahit par son neveu Mordred, il serait mort à Avalon. A cela viennent se greffer les épisodes des chevaliers de la Table Ronde, de la quête du Graal et de l'adultère de la Reine Guenièvre. La légende arthurienne s'expose à la BNF jusqu'au 24 janvier 2010. Par ailleurs, l'Université de Newport au Pays de Galles a produit une vidéo intitulée Reclaiming King Arthur, The Legend in the Landscape.

Arthur a-t-il réellement existé ? Si oui, qui était-il vraiment ? Les spéculations vont bon train dans les milieux universitaires et de nombreuses candidatures ont été avancées sans qu'aucune ne l'emporte définitivement. Pour certains, Arthur serait d'origine romaine ; pour les autres, il s'agirait d'un authentique chef Gallois.
C'est dans un poème gallois du VIIe siècle, le Goddodin, qu'un personnage nommé Arthur apparaît pour la première fois. En 1925, le médiéviste Kemp Malone, a émis l'hypothèse que le véritable Arthur pourrait se cacher derrière l'identité d'un chevalier romain appelé Lucius Artorius Castus qui aurait commandé la VIe Légion Victrix, chargée de combattre les Calédoniens (peuple de l'actuelle Écosse). Il aurait quitté l'île de Bretagne en 184 avec une armée de légionnaires pour aller mater un soulèvement en Armorique. La romancière américaine Linda Ann Malcor a repris récemment cette thèse dans un ouvrage intitulé De Scythie à Camelot et qui a inspiré le film d'Antoine Fuqua en 2004.
En 1981, l'historien britannique Geoffrey Ashe, s'inspirant des travaux de Leon Fleuriot, publie un article dans lequel il défend une thèse un peu différente et qu'il développe ensuite dans deux ouvrages: The Discovery of King Arthur (1985) et The Landscape of King Arthur (1987). Selon lui, le légendaire roi Arthur serait Riothamus, un chef militaire anglo-romain qui aurait fait campagne en Gaule au 5ème siècle. Il aurait combattu les saxons et le roi des Wisigoths Euric.
L'historien britannique Alan Wilson et l'écrivain Baram Blackett, quant à eux, hésitent entre deux candidats potentiels. Le premier Arthur (vers 344- 400) serait le fils de Magnus Maximus. Il aurait conquis l'Europe de l'est de 383 à 388 et se serait emparé de la forteresse Saint-Geneviève à Paris (d'où la confusion avec Guenièvre). Le second candidat serait un descendant du premier : Arthur II (vers 503-579), fils du roi Meurig (Maurice).
Certains historiens s'accordent à penser qu'au moins deux des compagnons d'Arthur ont réellement existé. Il s'agit de Sir Bedevere, l'un des plus fidèles alliés d'Arthur, qui apparaît notamment dans la collection de textes médiévaux des Mabinogion ou les Quatre Branches du Mabinogi, sous le nom de Bedwyr Bedrydant. Dans ce même manuscrit est cité un certain Cai Hir qui ne serait autre que Sir Kay.
Le conseiller d'Arthur, Merlin l'Enchanteur, est sans doute inspiré de deux personnages de l'histoire galloise. Le premier, Myrddin Wyllt, avait la réputation d'être fou. Le second, Emrys Wledig se prétendait prophète. Tous deux ont vécu à la fin du 6ème siècle.

Plutôt que de s'intéresser à l'identité du roi Arthur, des historiens ont tenté de localiser les lieux évoqués dans la légende. Là encore, il semble que les recherches soient restées infructueuses.
Dans l'Historia Regum Britannae (Histoire des rois de Bretagne) Geoffroy de Monmouth (vers 1100-1155) écrit que le roi Arthur est né au château de Tintagel en Cornouailles. On trouve en effet près du village, sur le littoral, les vestiges d'un château appelé « château d'Arthur ». Des fouilles conduites sur le site ont permis de mettre à jour une pierre portant l'inscription suivante : "Artognou [descendant d'Arthur], le père d'un descendant de Coll." Or, dans son manuscrit, Geoffroy de Monmouth désigne le roi Coel ou Cole comme l'un des ancêtres d'Arthur. Cependant, il semble que le château ait été construit au début du 12ème siècle, soit plus de 6 siècles après la naissance du roi Arthur. Les historiens pensent que chroniqueur anglo-normand a voulu flatter son protecteur, Robert de Gloucester dont le frère (Reginald) était comte de Cornouailles et vivait à Tintagel.
Camelot, dont on ignore s'il s'agit d'une cité ou d'un palais, est mentionné pour la première fois dans l'épopée de Chrétien de Troyes, Lancelot ou le Chevalier de la charrette, écrite entre 1176 et 1181. Ce site mythique remplace Caerleon au pays de Galles et Celliwig en Cornouailles qui, selon les différentes versions, sont présentés comme les sièges principaux de la cour d'Arthur. Plusieurs lieux ont attiré l'attention des historiens, parmi lesquels les ruines de Cadbury Castle dans le Somerset. Cette théorie a été avancée par John Leland dès 1542 et une campagne de fouilles a finalement été conduite en 1963 par le Camelot Research Committee. Les archéologues ont conclu que la forteresse était sans doute le lieu de résidence des princes de la Domnonée britannique qui s'étendait sur l'actuel Devon, le Dorset et le Somerset et peut-être les Cornouailles. Chris Barber & David Pykitt, auteurs d'un ouvrage intitulé Journey to Avalon: The Final Discovery of King Arthur, pensent que la confusion est née d'une association entre le légendaire roi Arthur et un roi du 1er siècle ap J.C., Arvirargus, dont on ignore également s'il a réellement existé. Selon ces deux écrivains, Athrwys (ou Arthwys), un prince gallois qui aurait vécu au 7ème siècle pourrait être le légendaire roi Arthur. Cette hypothèse avait déjà été avancé au 18ème siècle puis reprise par Baram Blackett et Alan Wilson.
Sir Thomas Malory (vers 1405-1471), l'auteur de Le Morte d'Arthur, situe le fameux site de Camelot à Winchester. Dans le Grand Hall, seul vestige du château, est suspendue une table en bois où sont inscrits, en lettres d'or, les 24 noms des chevaliers. Or, des analyses au carbone 14 ont montré que la Table Ronde a été fabriquée vers 1340. Par ailleurs, les peintures ont été réalisées sur l'ordre du roi Henri VIII en 1522.
L'actuelle ville de Caerleon, au sud du Pays de Galles est citée dans Les Mabinogion et L'Histoire des rois de Bretagne. Des fouilles, menées dans les années 20, ont permis d'exhumer totalement un amphithéâtre militaire appelé localement Table Ronde ou table d'Arthur.
Le dernier lieu évoqué par Geoffroy de Monmouth est Avalon. C'est sur cette île, celle de la fée Morgane, que le roi Arthur aurait été transporté après la fatale bataille de Camlann. C'est aussi là qu'aurait été forgé Excalibur, son épée. Geoffroy de Monmouth qui était évêque, place Avalon à Glastonbury dans le Somerset. Là encore, les historiens pensent qu'il s'agit d'un choix politique des moines qui y vivaient et voulaient s'attirer les bonnes grâces de Richard Cœur de Lion. Lors de la reconstruction de l'abbaye en 1191, les religieux auraient découvert le cercueil d'un homme et une inscription latine : "HIC JACET SEPULTUS INCLITUS REX ARTURIUS IN INSULA AVALONIA"(Ci-gît le renommé roi Arthur dans l'île d'Avalon). Selon Barber & Pykitt, Ynys Enlli (ou Bardsey Island, en anglais) serait la véritable Avalon, celle que les textes désignent comme l'Ile aux Pommes. Dans les histoires traditionnelles, Ynys Enlli est aussi présentée comme la dernière demeure de Merlin l'Enchanteur. Le magicien aurait trouvé le repos éternel dans un château de verre, entouré des 13 trésors de Bretagne. Selon les différentes versions, il s'y serait réfugié volontairement ou parce qu'il y aurait été fait prisonnier par la Dame du Lac.

Comme on peut le constater, l'archéologie comme l'étude des textes anciens n'ont pas permis aux chercheurs d'établir avec certitude l'historicité du roi Arthur. Le débat a débuté dès la Renaissance, avec l'accession d'Henri VII (1457 – 1509) au trône d'Angleterre, marquant la fin de la guerre civile des Deux-Roses. Les Tudor ont vu un moyen d'assoir leur légitimité en faisant remonter leur ligné jusqu'au roi Arthur. Ils n'étaient pas les premiers : les Plantagenêt avaient déjà pensé à utiliser la figure emblématique d'Arthur et Guillaume-le-Conquérant encore avant eux. Pour autant, on ne peut pas exclure totalement non plus, q' une part de vérité historique ait nourri la légende arthurienne. La controverse risque de faire long feu.


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