La recherche en paléontologie a longtemps été parasitée par les préjugés et fantasmes des préhistoriens eux-mêmes. Les travaux de fouilles de ces vingt-cinq dernières années ont révélé de nombreux fossiles dont l'exploitation a été favorisée par l'évolution parallèle des techniques scientifiques et de l'interdisciplinarité.
L'ouvrage co-écrit par le paléoantropologue Jean-Jacques Hublin et le journaliste Bernard Seytre ("Quand d'autres hommes peuplaient la terre, nouveaux regards sur nos origines", Flammarion, 2008, 253 p.) propose une synthèse et une réflexion sur ces découvertes récentes. Il est présenté de manière très didactique avec de nombreux schémas ou encarts et fourmille d'informations sur les premiers bipèdes, la naissance de l'homme moderne, la coexistence de plusieurs espèces, l'expansion d'homo sapiens, la disparition de certains grands mammifères et l'extinction de Neanderdhal.
Il y a moins de trois décennies, la paléoanthropologie se réduisait à un exercice d'anatomie comparée. Aujourd'hui, les scientifiques sont capables de lire l'histoire de l'humanité dans les gènes de leurs contemporains, d'étudier l'ADN de l'homme de Néanderthal, d'ausculter un squelette jusqu'au niveau moléculaire ou d'évaluer la croissance d'un homo-sapiens grâces aux stries de dents fossiles.
La génétique montre que les génomes des hommes et des chimpanzés actuels ne différent que de 1,2 %. Si l'homme n'est qu'un grand singe parmi d'autres, reste à savoir d'où il vient. Jean-Jacques Hublin explique que l'évolution n'a été ni linéaire ni constante, se caractérisant plutôt par un «buissonnement» d'espèces humaines dont l'homme moderne est le seul survivant.