Le Pont Charles, qui relie les quartiers de Staré Město (la Vieille- Ville) et de Malá Strana (le Petit-Côté) est l'un des joyaux de la ville de Prague. Sa construction a commencée le 9 juin 1357, sous le règne de Charles IV (1316-1378), empereur germanique et roi de Bohême. Elle est entourée de nombreuses légendes. L'une raconte que le constructeur du pont a inventé une recette ingénieuse pour renforcer son mortier. Elle consistait à mélanger de la chaux avec des œufs et du lait. Des paysans seraient venus de tous les coins du royaume, chargés de baquets de lait et d'œufs qu'ils auraient déversés sur le bord de la Vltava.
Le 17 janvier dernier, un communiqué du VŠCHT (Vysoká škola chemicko-technologická v Praze ou Institut de Technologie Chimique de Prague) a annoncé que la belle histoire du Pont Charles était sans fondement. Selon Ivana Pickova, le porte parole de l'Institut, les chercheurs n'ont détecté aucune trace de protéine de blanc d'œuf dans le mortier médiéval. Les résultats de cette nouvelle étude contredisent ceux publiés en 2008. Si les analyses réalisées grâce à la spectroscopie infrarouge n'ont détecté aucune trace d'additif organique, elles montrent en revanche que les bâtisseurs médiévaux ont utilisé du ciment romain, composé d'un tiers de chaux pour trois tiers de sable fin. Le mortier romain durcit en vieillissant, ce qui explique son extraordinaire conservation ainsi que ses qualités de dureté et de résistance à l'eau.
Le pont Charles, orné d'une trentaine de statues baroques, est en cours de rénovations depuis août 2007 mais son accès n'est pas totalement fermé au public. Le ministre de la culture regrette en revanche que les restaurateurs bâclent leur travail et les accuse de nuire à l’authenticité historique du monument le plus emblématique de la capitale tchèque. L'an dernier, la municipalité s’est elle-même infligé une amende de 54 000 couronnes (2 100 euros) pour les dégâts causés. Les travaux pourraient durer encore 5 à 10 ans.
Source: Prague Monitor