Notre curiosité du jour, qui ressemble à un dé à coudre préhistorique ou à un biscuit pour chien, est une tablette cylindrique en argile vieille de 2500 ans. Ce document, sur lequel est inscrit un texte en akkadien cunéiforme, est une proclamation du roi Cyrus II (vers 559 à 529 av. J.-C.), le fondateur de l'Empire perse. Il s'agit, selon les historiens, de « première charte des droits de l'homme ». Depuis début janvier, le Cylindre de Cyrus est l'objet d'une vive querelle entre l'Iran et le Royaume-Unis.
Le British Museum a en effet annoncé son intention de différer le prêt de la pièce archéologique à l'Iran, suite à la découverte de deux fragments correspondant au texte du cylindre.
Le cylindre de Cyrus, qui est l'une des plus fameuses pièces de collection du British Museum, a été découvert en 1879 sur le site antique de Babylone, à environ 100 km au sud de l'actuelle Bagdad. L'inscription est consécutive à la prise de Babylone en 539 avant notre ère et la victoire de Cyrus II sur le dernier souverain local, Nabonide.
Le début du texte retrace les événements ayant amené à la conquête de la cité mésopotamienne grâce à l'aide de Marduk, le dieu tutélaire de Babylone. Cyrus décrit ensuite les mesures prises en faveur des habitants de la cité et explique comment il a permis aux personnes déportées de rentrer dans leurs régions d'origine. Il déclare la liberté de culte, la restauration des temples et la restitution des icônes religieuses volées par Nabonide à leurs sanctuaires respectifs. Dans la dernière partie du texte, Cyrus commémore la reconstruction de Dur-Imgur-Enlil, une muraille de Babylone.
L'artefact a été cassé lors de son excavation et des fragments, oubliés dans la réserve du musée depuis 1881, ont été retrouvé récemment. Le directeur du British Museum, Neil MacGregor, est persuadé qu'il s'agit des pièces manquantes du puzzle et a fait savoir au gouvernement iranien qu'un délai de 6 mois seraient nécessaires pour les étudier. En effet, selon Irving Finkel, le curateur du département des antiquités orientales, les morceaux découverts parmi une multitude de pièces archéologiques découvertes au 19ème siècle, pourrait permettre aux experts de reconstituer les parties manquantes de l'inscription et d'apporter un éclairage nouveau sur celles dont la signification reste obscure.
En septembre 2009 déjà, le prêt du cylindre a été différé pour des « raisons pratiques ». Or une exposition était prévue en Iran pour janvier 2010. Hamid Baqaii, directeur des antiquités iraniennes et vice-président de la république islamique, accuse le British Museum de gagner du temps sur l'envoi du Cylindre de Cyrus. Le ministre des affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a quant à lui annoncé que l'Iran allait « revoir ses liens avec la Grande-Bretagne dans 12 domaines de travail ».
Source: Guardian