Un Anglo-saxon présenterait ce livre sous l'astucieuse appellation de Coffee Table Book (littéralement livre de table de salon). Il s'agit en effet d'un ouvrage décoratif (format à l'italienne), mais néanmoins instructif, et destiné à être feuilleté ponctuellement. Les objets sont présentés chronologiquement et accompagnés d'une notice, prétexte à un cours d'histoire de France. Ceux d'entre vous qui sont calés sur le sujet n'apprendront pas grand chose. Pour ma part, j'y ai dégoté quelques anecdotes amusantes.
Page 20: Le prisonnier fixe sa rançon
Le 3 avril 1367, nous raconte François Bertin, le chambellan Bertrand Du Guesclin (1320-1380) est fait prisonnier en Espagne par le Prince Noir. Lorsque Édouard, prince de Galles, propose au chevalier français de le libérer contre une rançon, mais celui-ci répond que sa famille et son pays sont trop pauvres pour s'en acquitter. Que faire ? Edouard suggère alors à Du Guesclin de fixer lui-même le montant du tribut.
« 100 000 livres d'or ! » répond le prisonnier à la grande surprise du prince « La liberté d'un chambellan du roi de France ne peut s'estimer à moins! ». Le plus étonnant c'est que la somme (...) fut réunit en quelques mois (…).
Une partie de la rançon fut réglée par Charles V, tandis que l'autre moitié fut versée par les Anglais eux-même !
Page 38: Un général meurt dans son fauteuil
L'histoire se passe dans les coulisses de la Bataille de Rocroi, le 19 mai 1643. L'armée française est stationnée devant la place forte, face aux 17000 soldats de l'armée espagnole des Flandres. Les renforts tardent à arriver et l'ennemi a décidé de lancer l'attaque. Face aux troupes du Grand Condé, le vieux comte de Fontaines commande un bataillon de tercios. Il est perclus de rhumatismes mais, qu'à cela ne tienne, les Espagnols le portent jusqu'au front... sur son fauteuil. C'est là qu'il mourra, au cœur de la bataille.
Page 47: L'État, c'est moi
Belle formule, n'est-ce pas ? Et bien, cette phrase, le jeune Louis XIV (en habit de chasse et armé d'une cravache) ne l'a jamais prononcée devant son parlement prétendument médusé. C'est Voltaire, dans son Siècle de Louis XIV, qui a concouru à la création de cette scène mythique du 9 avril 1655. Mais la sentence définitive est en réalité tirée d'un œuvre de Lavallée, intitulée Histoire des Français et parue en 1847. Elle était trop belle et correspondait si bien à la personnalité du roi France qu'elle a fait long feu.
François Bertin présente au total 101 objets emblématiques ou méconnus comme le casque fêlé de Charles le Fou, l'arbalète à jalet de Catherine de Médicis, le digesteur ou marmite de Denis Papin, le bidet de Louis XV, les casseroles en cuivre du Grand Trianon, une lame de Guillotine, une lettre de Louis Pasteur, une pétition contre la construction de la tour Eiffel, un micro de la BBC... Les illustrations sont sélectionnées parmi des pièces de collections privées ou de musées prestigieux.
L'auteur, passionné d'histoire, a commis plusieurs ouvrages dans la même veine dont Paris de mon enfance, des objets racontent (2008), Souvenirs d'enfance, des objets racontent (2007) ou Mémoires d'objets, histoires d'hommes,1914-1918 (2007).
Titre: Objets témoins de l'histoire de France
Auteur: François Bertin
Editeur: Ouest France
Parution: octobre 2009
Nombre de pages: 124