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Une femme répudiée au placard

Notre curiosité du jour est une pièce de collection de la Bibliothèque Nationale d'Écosse. Il s'agit d'un placard, daté du mercredi 16 juillet 1828 et intitulé « Vente d'une épouse». L'imprimé annonce qu'une certaine Mary Mackintosh a été vendue aux enchères sur le marché de Grass Market à Édimbourg. Les affiches et brochures ou libelles (broadsides ou chapbooks en anglais) sont représentatifs de la littérature de colportage qui a connu son apogée en Écosse entre 1650 et 1910.

L'époux de Mary Mackintosh l'accusait d'adultère et d'ivrognerie. Selon l'auteur, quelques milliers de personnes s'étaient rassemblés pour assister à cet événement incongru. En dépit d'une certaine agitation, la vente fut menée à son terme et l'infortunée Mme Mackintosh fut adjugée à deux pounds et cinq shilling. L'acquéreur était un veuf fermier qui la ramena chez lui à dos de cheval. Il ne faut pas croire que la vente n'ait point choquée l'opinion publique, et en particuliers les témoins féminins, mais les épouses savaient trop bien qu'en se mariant elles devenaient la propriété de leurs maris. Si le procédé ne semblait pas légitime, il était donc légalement acceptable.

La Bibliothèque Nationale d'Écosse détient plus de 250 000 broasides, dont 1 800 sont consultables sur le site The Word on the Street. Ce type d'imprimés étaient, à l'origine, le support des proclamations royales, des annonces et des actes officiels. Ils sont ensuite devenus le véhicule privilégié de l'agitation politique, des chansons, (ballads), des histoires pieuses ou morales (Tales), des bluettes, des comptes-rendus d'affaires criminelles, des discours politiques ou scaffold speeches (littéralement discours d'échafaud). Ces écrits se présentaient généralement sous la forme d'une feuille imprimée (d'un seul coté) que l'on placardait sur les murs ou, plus rarement, d'un livret (de 8 pages maximum) que les colporteurs distribuaient pour un penny. Les broasides étaient destinés à être lus à haute voix et à être transmis par le bouche à oreille. Les ballades et complaintes étaient imprimées sur deux colonnes et comportaient une indication de l'air sur lequel elles devaient être chantées. Certains opuscules pouvaient être illustrés.
Les noms de plusieurs colporteurs et crieurs publics écossais sont restés dans les annales, parmi lesquels deux personnalités originaires de Glasgow : l'écrivain et vendeur de libelles, Dougal Graham (1724-1779) ainsi que l'orateur William Cameron (c.1790-1851) alias Hawkie (le colporteur)

Au 19ème siècle, avec la mécanisation de l'imprimerie, la littérature de colportage s'est considérablement développée. Toutefois, dans le même temps, on assiste à une démocratisation de la presse autrefois réservée aux classes aisées. D'une part, les masses populaires n'étaient plus analphabètes, et d'autre part, les journaux sont devenus plus abordables, grâce à la baisse graduelle des taxes entre 1830 et 1855. Dès 1850, le fameux penny destiné à l'achat d'une ballade permettait d'acquérir, pour le même prix, une partie d'un roman-feuilleton, un hebdomadaire ou un tabloïd comme le Daily Record (fondé en 1842 et distribué à Glasgow). Les broadsheets ou quality papers se distinguaient des tabloïds par leur format (généralement 540 x 385 mm en 8 colonnes), la qualité du papier et leur contenu (plus sérieux). Parmi ces journaux, on peut citer le Press and Journal (fondé en 1748), The Herald (fondé sous le nom de Glasgow Advertiser en 1783) et The Courier (1801). Certains quotidiens, tel The Scotsman (1817), ont néanmoins adopté le format tabloïd.

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