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Le livre des rois perses

Notre objet du jour est un magnifique manuscrit enluminé, écrit par le poète Ferdowsî (940-1020), surnommé le Recréateur de la langue persane. A l'occasion du 1000ème anniversaire de son œuvre, le Shâh Nâmeh ou Shahnameh (littéralement Livre des rois en persan), le Fitzwilliam Museum à Cambridge, en collaboration avec l'Iran Heritage Foundation, lui dédie une exposition qui se tiendra jusqu'en janvier 2011.

Achevé en l'an 1010 de notre ère le Shâh Nâmeh est un long poème épic de 60 000 distiques (120 000 vers), soit deux fois plus long que l'Iliade et l'Odyssée d'Homère. Il retrace l'histoire de l'Iran depuis la création du monde, l'avènement du légendaire shāh Kayōmart, puis des Sassanides au 3ème siècle, jusqu'à l'invasion arabo-musulmane au 7ème siècle. Ferdowsî était un riche propriétaire, d'abord patronné par le sultan Mahmud de Ghazna, puis tombé en disgrâce. Le poète persan consacra 30 ans de sa vie à la compilation des légendes persanes et à l'écriture de son œuvre.

Le Shâh Nâmeh se divise en trois parties dites mythique, héroïque et historique. La première, qui est aussi la plus courte, évoque l'œuvre civilisatrice de la dynastie des Pishdadian et le règne millénaire du tyran Zahak ou Bivar-Asp (littéralement "celui qui a 10,000 chevaux"), renversé par Fereydoun. Le justicier partage ensuite le royaume entre ses trois fils: Salm, Tur et Iraj.
Dans la seconde partie, Ferdowsî relate les conflits intermittents qui opposèrent les habitants de l'Iran à ceux du royaume légendaire du Turân ("Terre des Tūrya") et le Shah Kai Khosro à Afrāsiab, souverain des Toūrāns. Ponctuée de récits secondaires, cette section raconte surtout les aventures des deux rois, Key Kâvus et Kai Khosro, ainsi que de divers héros comme Rostam. Sa mort marque la fin de cette partie tandis que le cycle d'Iskandar (c’est-à-dire Alexandre le Grand) inaugure celle dite historique.
Ferdowsî y évoque la dynastie achéménide, fondatrice de l'empire universel perse, essentiellement à travers l'histoire de Darius III. Le reste de l'épopée est dédiée aux Sassanides qui ont gouverné l'Iran de 224 à 751. Le poète persan s'étend, entre autres, sur les règnes de Vahram V Ghûr, dit l'onagre (420-438); de Khosro Ier Anushiravan, l'âme immortelle ou le Juste (531-579) et de Khosro II Parviz, le « victorieux » (591-628).

Les premières versions illustrées du Shâh Nâmeh apparaissent sous la dynastie des princes ottomans Houlagides au 13ème siècle. L'une des plus célèbres, le Shâh Nâmeh Demotte ou Shâh Nâmeh du Grand Mongol (14ème siècle) a été dépecé au 20ème siècle par le négociant Georges Demotte. Les pages ont été dispersées dans différents musées occidentaux et collections privées, dont le musée du Louvre, le Metropolitan Museum of Art de New-York, le Freer Gallery de Washington, le Victoria & Albert Museum de Londres, le British Museum, la British Library, etc. Georges Demotte a également fait compléter les feuillets endommagés, si bien que certaines miniatures sont sans rapport avec le texte qui les accompagne.
Le manuscrit original se présentait sans doute sous la forme de deux volumes de 280 folios et 190 illustrations. La page de garde et le colophon (note finale d'un livre imprimé) ont disparu. Ils auraient pu nous renseigner sur les identités du mécène et du calligraphe, ainsi que l'année et le lieu de production. Les spécialistes pensent que l'ouvrage aurait été fabriqué en 1330, à la demande du vizir Ghiyath al-Din, fils de Rashid al-Din (1247-1318).
Un autre exemplaire connu est le Grand Shah Nama de Shah Tahmasp, réalisé dans les ateliers royaux safavides au 16ème siècle. Il est resté intact jusqu’à ce qu’il quitte la collection du Baron Edmond de Rothschild au 20ème siècle. Il a été acquis par Arthur M. Houghton Jr., le futur directeur du Metropolitan Museum of Art, puis démembré à son tour pour être dispersé dans diverses collections occidentales.

C'est le livre des rois des anciens temps,
Évoqués dans des poèmes bien éloquents
Des héros braves, des rois renommés
Tous un par un, je les ai nommés
Tous ont disparu au passage du temps
Je les fais revivre grâce au persan
Tout monument se détruit souvent
A cause de l'averse, à cause du vent
J'érige un palais au poème persan
Qui ne se détruira ni par averse ni par vent
Je ne mourais jamais, je serai vivant
J'ai semé partout le poème persan
J'ai beaucoup souffert pendant trente ans
Pour faire revivre l'Iran grâce au persan




Sources: BBC et Shahnama Project

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