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Le site Maya d'El Ceibal au Guatemala

Les archéologues amateurs qui ne pourront pas participer aux campagnes de fouilles de 2011 vont néanmoins pouvoir se consoler s'il pratique un peu la langue de Shakespeare. En effet, des blogs rédigés par des chercheurs ou des amateurs, généralement des anglophones, permettent de suivre quotidiennement les progrès de certains chantiers.

Donc, si vous lisez l'anglais, installez vous confortablement derrière votre ordinateur, remplacez votre pelle par une souris, et choisissez votre destination : Québec (en français), Guatemala, États-Unis, Soudan, Israël, Grèce ou Égypte (Malqata, Abydos, Fayoum, Karnak...). Tout est permis, même les escapades navales et sous-marines : l'île Tromelin dans l'océan Indien (en français), le Golfe de Saint-Florent en haute-Corse ou le long des côtes danoises et allemandes.


Depuis le 14 février dernier, les professeurs Takeshi Inomata et Daniela Triadan, du département d'anthropologie de l'Université d'Arizona à Tucson dirigent une mission archéologique sur le site Maya d'El Ceibal au nord du Guatemala. Ils rédigent un blog dans la rubrique Scientist at work (Scientifiques au travail) du New-York Times. Leur équipe est internationale et multidisciplinaire. Elle est composée de 28 chercheurs originaires des États-Unis, du Guatemala, du Japon, de la Suisse et de la Russie. Ils dirigent une cinquantaine de personnes. Chaque groupe travaille indépendamment. Par exemple, les géologues étudient l'environnement et le climat grâce à l'analyse des sédiments; tandis que les chimistes s' intéressent aux céramiques et les anthropologues aux squelettes humains.


Takeshi Inomata et Daniela Triadan entament leur cinquième saison de fouilles à Ceibal. Leur stratégie consiste à creuser le plus profondément possible afin de reconstituer l'histoire du site depuis ses origines, soit 2 000 ans d'occupation. La première exploration du chantier remonte aux années 1960. Il s'agissait d'une mission de l'Université d'Harvard. Celle-ci a permis de révéler l'une des périodes d'occupation les plus longues dans les plaines du sud du Guatemala. Néanmoins, les méthodes d'investigations archéologiques ont beaucoup évolué depuis les premières découvertes et les chercheurs américains espèrent développer leurs connaissances de la société Maya. En 2006, ils ont donc décidé d'organiser une nouvelle campagne de fouilles. Ils ont obtenu des subventions de plusieurs organismes, parmi lesquels la National Geographic Society ou la National Science Foundation qui leur ont permis aujourd'hui de concrétiser leur projet.


L'apogée de Ceibal, à l'instar de nombreux autres centres Mayas du Sud du Mexique, du Guatemala, du Belize et du Honduras se situe pendant la période dite classique, c'est-à-dire entre 150 et 950 de notre ère. A cette période, les dirigeants ont érigés de magnifiques stèles ornées de hiéroglyphes apologétiques, ainsi que de grands temples pyramidaux pour leurs dieux. Néanmoins, les chercheurs ont prévu de se focaliser sur la période précédente, dite pré-classique, soit aux alentours de 1 000 avant J.C. Ils s'intéresseront en particulier à la centralisation du pouvoir et à l'émergence des institutions. Par ailleurs, il s'agira de déterminer comment les premiers Mayas se sont adaptés au climat des basses terres tropicales .


Les Mayas ont régulièrement agrandis leurs monuments, construisant de nouveaux bâtiments sur la base des anciens. Aussi, les archéologues vont devoir révéler ses constructions couches par couches, à la manière d'un oignon que l'on pèle. Les premiers explorateurs de Ceibal s'étaient focalisés sur les structures datant de la période classique, plus accessibles. Les équipes du Dr. Inomata et du Dr. Triadan vont donc devoir se concentrer sur de petits espaces, choisis avec soin. Les chercheurs de Harvard ont dévoilé des strates de construction datant de la période pré-classique dans la cour Est Aussi, en 2006, le professeur Triadan a commencé à travailler dans cette tranchée. Elle pensait que les bâtiments autour de cette place pouvait être les vestiges du palais royal de Ceibal pendant les dernières années d'occupation du site, vers 830-980 après J.C. Les archéologues ont prévu d'étudier les différentes phases d'occupation de cette plateforme de 7 mètres de haut.


Depuis leur arrivée sur le site en février dernier, les chercheurs ont déjà découvert plusieurs tombes dans la cour Est. Elles sont datées de 600 à 300 avant notre ère. Il semblerait que les individus inhumés dans ces tombes n'aient pas été très bien traités. L'un d'entre eux est un adolescent de 17 ans qui a été littéralement démembré. Une seconde sépulture abritait un bébé et la tête d'un adulte. Là encore, Anastasiya Kravtsova, l'étudiante russe chargée de ce secteur, a trouvé des indices révélant un rituel funéraire. Son collègue, l’anthropologue Juan Manuel Palomo, de l'Université de l'Arizona, analysera les squelettes des défunts un peu plus tard pour déterminer s'il y a des signes de maltraitance sur les os. Ils seront par ailleurs datés au radiocarbone afin de déterminer la date exacte de l'inhumation. Ces informations permettront aux chercheurs de comprendre l'évolution des rituels funéraires au cours des 2 000 ans d’occupation du site.


En 2009, lorsque que les archéologues ont fouillé la place centrale du site de Ceibal, ils ont découvert une cache contenant 10 haches en pierres vertes. Celles-ci ont été enterrées, il y a 3 000 ans environ. Le soin apporté à cacher ses outils indique que les Mayas leur accordait une grande valeur. On ne connait pas la signification de ce rituel mais les chercheurs pensent trouver la réponse à travers les ralations qu'entretenait les Mayas avec leurs voisins. Certains universitaires pensent que les populations des plaines ont développé leur civilisation et leur culture dans un relatif isolement. D'autres, à l'inverse, développent la théorie selon laquelle l'influence de leurs voisins, en particulier les Olmecs de la côte Sud (qui sont connus pour leurs sculptures de têtes colossales) aurait été cruciale. La question est donc de déterminer si les Mayas ont hérité de leurs système politique et de leur rites ésotériques.


Le Dr Takeshi Inomata, qui a étudié un site Olmec dans la région du Chiapas au Mexique a constaté que leurs complexes cérémoniels consistent en un alignement Nord-Sud, centré autour d'une pyramide à l'ouest et un monticule allongé à l'Est. On y trouve généralement de nombreuses caches contenant des haches. A Ceibal, une structure de ce type a été mise à jour dans la partie sud de la place centrale. Cette année, les fouilles consisteront donc à vérifier si cette forme architecturale existait à la naissance du site. Deux étudiants de l'Université de San Carlos au Guatemala, María Belén Méndez et Raúl Ortiz, se sont vu confié la mission d'explorer la pyramide ouest dans ce but. La stratégie a consisté à creuser un tunnel partant de la place centrale, face à la pyramide, et d'avancer jusqu'à son noyau. Les jeunes guatémaltèques avaient à peine commencé à creuser qu'il a découvert une première cachette contenant des haches. Au bout de 12 mètres, ils avaient encore exhumé deux caches de ce type. Après 14 mètres, ils n'ont toujours pas trouvé le bâtiment initial qu'ils cherchaient mais les fouilles se poursuivent.

Source et images: New-York Times

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