Notre curiosité du jour est une tête momifiée appartenant à Séqénenrê Taâ II, qui a régné sur la Haute-Egypte, depuis Thèbes, aux alentours de 1558 à 1554 avant notre ère. Le pharaon est mort vers 30 ou 40 ans, suite à de multiples blessures. La momie, découverte intacte par Gaston Maspero en 1886, est aujourd'hui conservée au musée du Caire. Les historiens ignorent encore si le pharaon a péri sur le champ de bataille ou s'il a été assassiné.
Tête momifiée de Séqénenrê Taâ II
Si vous regardez de près, vous constaterez que le crâne présente plusieurs traces de coups. Les égyptologues ont analysé les blessures et conclu que le pharaon avait été frappé par une arme hyksôs. Sa tête a ensuite été embaumée à la hâte. Gaston Maspero note que les assaillants de Séqénenrê Taâ II devait être trois ou quatre et qu'ils l'ont encerclé avant de la frapper. En revanche, il n'adopte pas de position tranchée sur les circonstances de la mort du pharaon. Selon une première hypothèse, le roi thébain serait mort lors d'une campagne de reconquête contre Apophis Ier , le souverain Hyksos dont la capitale était à Avaris. La seconde théorie est celle d'un complot qui se serait soldé par l'assassinat de Séqénenrê Taâ II. A ce propos, Gaston Maspero mentionne le fragment énigmatique d'un conte égyptien datant de la XVIIIe dynastie. Il s'agit d'un dialogue entre entre Apophis et Séqénenrê Taâ II: « Apophis demande à Séqénenrê de chasser les hippopotames de son étang, car leurs bruits incommodent le pharaon et l'empêchent de dormir la nuit. Considérant la distance entre Thèbes et Avaris, ce message ne peut avoir qu'un sens caché, ou symbolique. Il s'agirait vraisemblablement pour le souverain du nord d'affirmer sa souveraineté sur son vassal du sud. » (citation tirée d'un article de Wikipédia). Même s'il reste floue, il existait donc bien un différent entre les deux souverains.
L’égyptologue britannique Daniel Boatright, spécialiste des armes de l'âge de Bronze, a étudié plus des centaines d'artefacts venus d’Égypte et, en particulier, une longue dague appartenant à Kamosé, le successeur de Séqénenrê Taâ II. L'expert pense que cette arme, qui porte des entailles, n'était pas seulement un objet d'apparat et qu'elle aurait pu servir à venger la mort du pharaon. Selon lui, les membres de l'élite de l’Égypte antique ne se contentaient pas de manier la hache et les poignards ornés lors de cérémonies rituelles. Ils les utilisaient aussi sur le champ de bataille et exécutaient eux-même les prisonniers.
Les résultats de des travaux du professeur Boatright ont été publié, l'an dernier, dans l'ARC (Archaeological Review from Cambridge) sous le titre Battlefield Remains? The Interpretation of Weaponry in Bronze Age Egypt and the Levant (Vestiges de champ de bataille ? L'interprétation de l'armement de l’Égypte et du Levant à l'âge du bronze). Ils ont également été présenté lors du 3ème congrès annuel d'archéologie britannique à l'UCL (University College London).
Sarcophage de Kamosé
On sait par ailleurs que la guerre contre Apophis s'est poursuivi après la mort de Séqénenrê Taâ II. Le souverain hyksôs a tenté de s'allier avec le roi de Koush pour prendre son ennemi en tenaille mais Kamosé a intercepté le messager et déjoué son plan. Le roi de Thèbes poursuit ensuite sa route en Moyenne-Égypte, libère Memphis et assiège la ville d'Avaris. Il ne parviendra jamais à la prendre. Kamosé et Apophis Ier trouve la mort à peu près à la même époque.
Dague Hyksos
Source: Ancient Egyptian Royalty Wielded Serious Weapons par Owen Jarus sur LiveScience