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Corpus delicti: la crème hydratante empoissonnée de la reine-pharaon Hatchepsout

Une équipe de chercheurs allemands vient de découvrir le mortel secret du "corpus delicti", un petit flacon découvert en 1903 dans la tombe de la reine-pharaon Hatchepsout, qui régna de 1479 à 1458 av J.-C. La fiole appartient à la collection du musée égyptien de l'Université de Bonn en Allemagne.

On pensait jusqu'à aujourd'hui qu'Hatchepsout, dont la momie a été identifiée en 2007, était morte d'un cancer des os. Or, il semblerait que son parfum, qui était en réalité une lotion contre l’eczéma ou le psoriasis, contenait une substance cancérigène. Le remède de la reine était un poison.

Michael Höveler-Müller, égyptologue et directeur du Muséum, et Helmut Wiedenfeld, de l’Institut de pharmacologie de Bonn, ont étudié la fiole pendant deux ans. Les analyses ont montré que celle-ci contenait de l'huile de palme de muscade, ainsi que du créosoteun, un ingrédient toxique extrait de goudrons de houille. Découvert en 1833 par le chimiste allemand Karl von Reichenbach, il est utilisé dans les shampooings anti-poux, ainsi que dans les savons et les pommades, pour le traitement contre les pellicules et le psoriasis. Or, les préparations contenant plus de 5% de goudrons de houille bruts sont classées dans le Groupe 1 des agents cancérigènes.
On sait que plusieurs membres de la famille d'Hatchepsout souffraient de maladies de peau. Si la reine-pharaon était elle-même affligée d'une infection cutanée chronique, elle a sans doute utilisé régulièrement la lotion contenue dans le flacon, s'exposant en permanence aux mêmes résidus de goudron que l'on trouve dans la fumée de cigarette.

Il n'existe malheureusement aucune source historique mentionnant la cause du décès d'Hatchepsout. On sait qu'elle a exercé la régence à l'avènement du jeune Thoutmôsis III, le tenant à l'écart du pouvoir pendant plus de 20 ans. A sa mort, le pharaon, qui assume désormais ses fonctions royales, fait marteler les cartouches de sa belle-mère et leur substitut ceux de Thoutmôsis Ier et II ou les siens. Ce fait explique pourquoi les archéologues ont eu tant de mal à retrouver sa momie. Lorsque l'égyptologue britannique Howard Carter découvre le tombeau KV 60 dans la Vallée des rois à Louxor en 1903, il exhume deux momies très dégradées. L'une est placée dans un sarcophage, tandis que l'autre est simplement posée sur le sol. Un coffre à canopes, comportant l'inscription de Nourrice royale, est à attribué à Satrê, la nurse de la pharaonne Hatchepsout. L'identité de la seconde dépouille, qui ne porte aucune parure, reste inconnue. Il faudra attendre un siècle, soit le 27 juin 2007 pour qu'elle soit officielle authentifiée par Zahi Hawass, directeur du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes. C'est une molaire, contenue dans une boîte en bois, qui a permis d'identifier la momie d'Hatchepsout. Cette relique a été trouvé en 1881 dans une cache, située à proximité du complexe funéraire de Deir el-Bahari. La dent serait tombée durant le processus de momification, puis placée dans un coffre gravé au nom de la reine-pharaon.

L'étude des ossement et les analyses ADN ont révélés de nouveaux indices sur les éventuelles causes de décès d'Hatchepsout. Le CT-scan, une technique d'imagerie permettant reconstruire des images 2D ou 3D des structures anatomiques, les archéologues ont déterminé qu'il s'agissait d'une femme obèse d'une cinquantaine d'années. Elle souffrait de diabète et d'un cancer des os. Par ailleurs, l'équipe de recherche dirigée par le Dr Hawass a constaté qu'elle était affligée d'un abcès dentaire mal soigné, qui aurait pu causer sa mort.
Le Dr. Wiedenfeld, quant à lui, suspecte que la reine-pharaon s'est lentement empoissonnée avec la lotion du Corpus delicti. Ainsi qu'il l'explique dans son rapport, les égyptiens utilisaient toutes sortes de remèdes, plus ou moins efficaces. Ils étaient d'excellents médecins et chirurgiens, mais de piètres internistes. Le diagnostic et la prise en charge globale des maladies n'étaient donc pas leur spécialité. Les historiens pensent, par ailleurs, qu'ils tenaient une partie de leurs connaissances pharmaceutiques de la Perse et de l'Inde, où les traitements curatifs étaient forts avancés dès l'Antiquité. La lotion de la reine Hatchepsout aurait pu être importée de ces régions.




Images:
1. Flacon (corpus delicti) d'Hatchepsout. Musée Egyptien de l'Université de Bonn.
2, Statue de la reine-pharaon Hatchepsout. Metropolitan Museum of Art, New York

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