Après avoir attiré votre attention sur le site d'Helike en Grèce, nous poursuivons notre recensement des campagnes de fouilles prévues en 2012. Du 1er au 26 juillet, nous vous proposons de vous rendre à Hippos (Sussita), un site archéologique situé sur la rive orientale de la mer de Galilée (lac de Tibériade) en Israël, près du kibboutz Ein Gev. Le projet est dirigé par le Dr. Michael Eisenberg de l'Institut d’archéologie Zinman à l'Université d'Haïfa.
Connue sous le nom d'Antioche-Hippos (cheval en grec) ou Sussita (cheval en hébreu), la cité a été détruite par un tremblement de terre, le 18 janvier 749. Le site est situé en haut d'une colline à 350 mètre au-dessus du lac de Tibériade et présente un plan de forme rectangulaire, soit 650 mètres de longueur d'est en ouest sur 150mètres de largeur du nord au sud. Par ailleurs, la ville était entourée d'une imposante muraille. Selon les archéologues, la cité aurait été fondée par les Séleucides, au 2ème siècle avant J.C, lors des guerres de Syrie qui les opposèrent aux royaumes lagides (dynastie des Ptolémées). Durant la période romaine, Hippos est rattachée à la Décapole, une ligue constituée de 10 cités de culture grecque et situées à l'est du Jourdain. La ville est alors habitée essentiellement par des peuples sémitiques comme les Juifs, les Araméens, les Ituréens et les Nabatéens.
La référence la plus ancienne à la Décapole remonte à Pline l'Ancien (23-79 après J.C), qui mentionne dans son Histoire naturelle un groupement de cités, près de la Judée, en direction de la Syrie. Il s'agit de Philadelphia (actuelle Amman en Jordanie), Rhaphana (Capitolias, Bayt Ras en Jordanie), Scythopolis (Beït-Shéan en Israël), Gadara (Umm Qeis en Jordanie), Hippos, Dion (Tell al-Ashari en Syrie), Pella (Tabaqat Fahil en Jordanie), Gerasa (Jerash en Jordanie), Canatha (Qanawat en Syrie), et peut-être Abila (actuellement Quwayliba). La ville de Damas (la capitale contemporaine de la Syrie) est parfois considérée comme un membre honorifique de la Décapole. Ces villes avaient en effet beaucoup de points communs. La plupart ont été fondée durant la période hellénique et ont soutenu les rois Séleucides. Ceux-ci les voyaient comme des contrepoints face aux royaumes localisés à l'Ouest (dirigés par les Hasmonéens) et à l'est (placés sous la domination des Nabatéens).
Depuis l'époque de Pompée (106-48 av J.C.), ces cités faisaient partie de la Province de Syrie. Néanmois, les Romains ont décidé de transférer Hippos et Gadara sous la juridiction d'Hérode Ier le Grand (73-4 av. J.C.). En 106 après J.C, enfin, lors de l'annexion de l'empire nabatéen par les Romains, la décapole est incluse dans la Province d'Arabie. Dès lors, les résidents de la décapole deviennent les sujets du gouverneur de Bosra, la capitale régionale de la Nabatène au sud de la Syrie. Les historiens pensent qu'au 4ème siècle, la majorité des habitants d'Hippos étaient Chrétiens.La ville était en effet le siège de l'épiscopat et cinq églises ont été construites sur son territoire. La ville a ensuite continué de prospérer jusqu'au 8ème siècle, soit jusqu'au tremblement de terre de 749. Après le desastre, elle n'a jamais été reconstruite.
Les vestiges d'Hippos ont été découverts en 1883 par l'archéologue germano-américain Gottlieb Schumacher (1857-1925). Lors de la construction d'un poste militaire des forces israéliennes, dans les années 1950, une campagne de sauvetage d'archéologie préventive a été menée par le Département des Antiquité. En 1964, le Mont Sussita et le territoire situé autour (y compris le site archéologique) ont été déclarés Réserve nationale. Une première série de campagnes archéologiques a été menée entre 2000 et 2009, sous la direction du Professeur Arthur Segal et du Dr. Michael Eisenberg, de l'Université d'Haifa, ainsi que du Professeur Jolanta Mlynarczyk, du Centre de Recherche pour l'Archéologie Méditerranéenne de l'Académie polonaise des sciences, du Dr. Mariusz Burdajewicz du Musée National de Varsovie, et du Professeur Mark Schuler de l'Université de Concordia aux États-Unis.
A l'été 2010, les chercheurs ont décidé de lancer un nouveau projet de fouilles. Les objectifs des prochaines campagnes sont l'excavation de l’odéon, de la basilique de l'église nord-est, de l'insula, ainsi que des quartiers domestiques, des thermes, des fortifications, du réseau routier et des deux nécropoles (situées au sud et au sud-ouest de la ville). Dans l'avenir, les archéologues prévoit également d'étudier les relations entre la cité et la campagne environnante. Il s'agira enfin de determiner l'emplacement exact du port d' Hippos.
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