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Greg "Pappy" Boyington, une vraie tête brûlée

«Donnez-moi le nom d'un héros, et je vous prouve que c'est un bon à rien.» écrit Gregory Boyington (1912-1988) dans son autobiographie parue en 1958 et traduite en français cette année. Le major Gregory Boyington, plus connu sous le nom de "Pappy" Boyington avait son franc parler et sa personnalité haute en couleurs avait de quoi inspirer un réalisateur hollywoodien. Mais avant de passer à la postérité, sous les traits de l'acteur Robert Conrad dans la fameuse série des "Têtes brûlées" le commandant de l'escadron 214 des Marines américains, les Black Sheep (Moutons Noirs ou Brebis Galeuses) s'est distingué grâce à un tableau de chasse impressionnant.

« En 1930, Grégory Boyington s'inscrit à l'Université de Washington sous le nom de Greg Hallenbeck, patronyme emprunté à son beau-père. Il y pratique la lutte pendant toute la durée de ses études d'ingénieur en aéronautique. Il travaille un an chez Boeing avant de rejoindre le corps des Marines. Pendant son instruction militaire, qui commence en juin 1935, le jeune Boyington croise Richard Mangrum et Bob Galer, les deux futurs héros de Guadalcanal. En janvier 1936, il est envoyé à Pensacola où il se fait une réputation de grand buveur, de fêtard et de bagarreur. C'est à cette période qu'il fait la connaissance de Joe Smoak, immortalisé dans la future série télévisée sous le pseudonyme du Colonel Thomas Lard. Boyington obtient finalement son grade d'aviateur en mars 1937 et son assignation au sein de la VMF-1 à Quantico en Virginie.

Gregory Boyington s'impose très vite comme un pilote hors pair mais son manque de discipline et ses heurts répétés avec la hiérarchie lui portent préjudice. Lors d'une beuverie mémorable, il tente de traverser à la nage la Baie de San-Diego, où sa compagnie est stationnée, et atterrit au poste de contrôle de la Navy. Ses co-équipiers prétendent même qu'il pilote encore mieux quand il est bourré. En 1941, de retour à Pensacola, il provoque un officier supérieur pour une sombre histoire de jupons. Dès lors, sa carrière est sérieusement compromise mais la seconde guerre sino-japonaise (1937-1945) va bientôt lui offrir l'occasion de se distinguer.

Dès 1938, le gouvernement américain, dont la position officielle est la neutralité, fournit une aide substantielle à la Chine par l'intermédiaire du programme Lend-Lease et de la Central Aircraft Manufacturing Company (CAMCO). Le Général Claire Lee Chennault (interprété par George Gaynes dans la série télévisée des Têtes brûlées) est nommé conseiller de l'armée chinoise et crée le corps de volontaires américains (Les Tigres Volants) en 1941. Dans l'un de ses livres ("The definitive account of Marine Fighting Squadron 214 in World War II" et "The Life of Gregory Pappy Boyington"), Bruce Gamble écrit: «les pilotes étaient volontaires pour quitter leurs boulots peinards de militaires en temps de paix, uniquement parce qu'ils savaient qu'ils seraient grassement payés par la CAMCO. Les pilotes y étaient rémunérés 600 dollars par mois, les officiers 675 $, sans compter les bonus pour chaque chasseur japonais abattu. C'était le double voire le triple des salaires de l'armée.» Gregory Boyington, qui à l'époque est criblé de dettes, se trouve au bar du San Carlos Hotel où se déroulent les entretient de recrutement. Il ne réfléchit pas longtemps avant de signer.
Boyington intègre donc le corps de volontaires des Flying Tiger (Tigres Volants) en 1941 et s'envole pour la Chine. Au cours de ces quelques mois, il prétend avoir détruit 6 engins ennemis mais ce tableau de chasse reste sujet à controverses. Selon les archives de l'aviation américaine, seuls deux victoires lui sont attribuées. De son coté, Bruce Gamble écrit qu'il aurait participé, avec quatre autres pilotes, à un raid aérien sur Chiang Mai où 15 avions auraient été détruits au sol et dans les airs.

En janvier 1943, Greg Boyington embarque sur le Lurline à destination de la Nouvelle Calédonie. Il passe quelques mois au sein du Marine Air Group (MAG-11) où, grâce à son ami le pilote Pat Weiland, il découvre pour la première fois l'avion Corsair. Il est ensuite assigné à la VMF-122 où il ne tarde pas à entrer en conflit avec son supérieur, le Major Elmer Brackett.

Les circonstances de la naissance de l'escadrille des Black Sheep restent flouent. Il semble que Boyington soit en convalescence ou cantonné dans un poste de gratte-papier quand l'idée vient de créer une unité ad hoc de réservistes dans le sud Pacifique, pour suppléer au manque de pilotes. En août 1943, l'unité des Brebis Galeuses, basée à Vella Lavella dans l'archipel des îles Salomon, est composée de 26 pilotes dont 8 ayant volés avec Boyington au sein de VMF-122 (Stan Bailey, Hank Bourgeois, Robert Ewing, Paul "Moon" Mullen, John Begert, Sandy Sims, Bill Case, et Virgil Ray).
Au début, écrit Boyington dans son autobiographie, tout le monde pense que l'opération sera un fiasco. Mais en 12 semaines seulement, les Black Sheep s'imposent grâce à des méthodes dont le manque d'orthodoxie s'avère d'une efficacité redoutable et fait la une des journaux américains. Son leader, le Major Boyington, connu pour son franc parler et son penchant pour l'alcool, devient le chouchou des reporters de guerre. Il est alors âgé d'une trentaine d'années, soit 10 ans de plus que ses hommes. C'est de là que lui vient son surnom de Papy. Il est difficile d'évaluer le tableau de chasse des Black Sheep puisque les chiffres varient de 96 à 197 avions ennemis détruits ou endommagés.

Toujours est-il qu'à la fin de la seconde guerre mondiale, le Major Boyington revendique 28 avions ennemis à son tableau de chasse personnel, un record pour un Marines, si on en croit les archives américaines. On sait également que sa dernière victoire lui coûte cher puisqu'il est touché par un chasseur japonais. Repêché par un sous-marin ennemi, l'aviateur américain est d'abord conduit à Rabaul en Nouvelle-Guinée pour y subir un interrogatoire serré. Six semaines plus tard, il est transféré, avec 6 de ses compatriotes, sur les îles Truk, la plus importante base militaire japonaise dans le Pacifique. Ensuite, il passe encore 18 mois dans un camp de prisonniers d'Ofuna près de Yokohama. Sa capture n'étant pas signalée, le Major Boyington est porté disparu et on lui décerne la Médaille d'honneur, la plus haute distinction américaine, à titre posthume. Le camp de prisonniers est finalement libéré le 28 août 1945. Papy est mis à la retraite en 1947 avec le grade de Colonel
Dans ses mémoires, "Baa Baa Black Sheep" ("Tête Brûlée. Ma véritable histoire", Altipress, trad. 2009), Greg Boyington a longuement décrit les conditions de détentions déplorables, les interrogatoires incessants, les privations et les violences dont il a fait les frais. Il parvient cependant à survivre grâce à son ingéniosité. Il se lie notamment d'amitié avec la cuisinière du camp de prisonnier qui l'aide à voler de la nourriture. Il semble aussi qu'il soit parvenu à faire passer un message à sa mère pour lui faire savoir qu'il était toujours vivant.

La série télévisée de la NBC, qui s'inspire de l'autobiographie de Gregory Boyington, débute en 1976. Papy est nommé conseiller technique et apparaît dans plusieurs épisodes. Si l'adaptation des "Têtes brulées" s'éloigne souvent des faits réels, on sait aujourd'hui que les mémoires de Greg ne sont pas fiables non plus à 100%. D'ailleurs, le héros de guerre lui-même a admis un jour qu'il était un fieffé menteur.



Source : Acepilots.com

Sur la série : Aeromovies

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