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Séverine : Vie et combats d'une frondeuse - Evelyne Le Garrec

Toute sa vie, Caroline Rémy dite Séverine (1855-1929) a lutté à la force de sa plume contre les injustices sociales. Libertaire, féministe, dreyfusarde, pacifiste, elle a été sur tous les fronts. Elle a côtoyé Jules Vallès, Emile Zola et Jean Jaurès, ces grands hommes qui habitent nos manuels d’histoire. La Grande Séverine, en revanche, est tombée dans l’oubli.

Evelyne Le Garrec lui consacre un bel ouvrage (Séverine : Vie et combats d'une frondeuse, éd. De L’Archipel, 2009, 213 pages), illustré par Colette Deblé et complété par un grand choix d’articles de Séverine publié entre 1886 et 1903.

La rencontre de Caroline Rémy avec Jules Vallès, à Bruxelles en 1879, bouleverse le cours de sa vie. Ensemble, ils font revivre le journal des communards, Le cri du peuple. Sous son nom de plume (Séverin puis Séverine), elle devient la première femme journaliste. Cette collaboration ne s’achèvera qu’à la mort de son pygmalion en 1888. Séverine reprend néanmoins le flambeau, en tant que directrice, mais ses désaccords avec le marxiste Jules Guesde à propos des anarchistes, sont fréquents. La crise culmine avec l’affaire Clément Duval, en janvier 1887. Séverine défend la a théorie de la « reprise individuelle » soutenue par l’accusé. Fin août 1888, Séverine quitte Le Cri du Peuple : ce qu’elle fera désormais, « c’est l’école buissonnière de la Révolution ». Jules Guesde crée La Voie du peuple, dont la durée de vie sera éphémère.

Dès lors, Séverine prête sa plume aux journaux qui veulent l’accueillir et ce, quelque soit leurs courants politiques (ce qui lui sera d’ailleurs reproché plus tard). C’est que Séverine est persuadée qu’il ne sert à rien de prêcher des convaincus. Par ailleurs, elle est assez naïve pour croire qu’elle pourra imposer ses convictions. Elle publie sous plusieurs pseudonymes dans L’Eclair, Le Figaro, L’Humanité, Gil Blas… En 1897, elle collabore à La Fronde, le premier quotidien de la journaliste féministe Marguerite Durand entièrement réalisé par des femmes.

Première femme reporter, Séverine n’hésite pas à mouiller ses élégantes chemises. En 1890, elle descend dans une mine dévastée par un coup de grisou pour se rendre par elle-même des dégâts. Après les incendies de l’Opéra comique et du Bazar de la Charité, elle se rend sur les lieux.

Combattante infatigable, Séverine a défendu toutes les causes qui lui semblait justes. Elle prend partie en faveur de ses camarades anarchistes: Clément Duval, Auguste Vaillant (qui a qui a lancé une bombe au Palais-Bourbon), ou Germaine Berton (qui, le 22 janvier 1923, assassine Marius Plateau le directeur de la Ligue d’Action française). Sa dernière apparition en publique est dédiée à Sacco et Vanzetti dont elle réclame la grâce en 1927.

"J'ai trop l'horreur des théories et des théoriciens, des doctrines et des doctrinaires, des catéchismes d'école et des grammaires de sectes pour argumenter et discutailler à perte de vue sur l'acte d'un homme que le bourreau tient déjà par les cheveux, et que tous avaient le droit d'injurier et de réprouver, sauf nous!"
(Le Cri du peuple, à propos de Clément Duval, 30 janvier 1887)

Séverine s'investit également dans la défense de la cause féminine, réclamant le droit de faire des études, de travailler, de divorcer et d'avorter. Et, bien que libertaire et réfractaire au vote, elle finit par s’engager aux cotés des Suffragettes.

Lors de l’affaire Dreyfus, elle couvre le procès qui se tient à Rennes en 1898 aux cotés du journaliste Bernard Lazare, d’Emile Zola et de Jean Jaurès. Séverine milite pour l'abolition de la peine de mort depuis longtemps.
En 1914, elle condamne l’Union Sacrée et prône la grève des ventres. A quoi sert-il de faire des enfants si c’est pour les envoyer au front à 20 ans.

En dépit de ses convictions, elle est l’une des premières à adhérer au SFIO dans l’élan de la Révolution Russe. Sommée de renoncer à son adhésion à la Ligue des Droits de l’Homme, elle abandonne très vite le Parti Communiste.

Elle dénonce dès 1925 le fascisme et ses «troupes fanatisées»...

Une exposition se tient jusqu’au 20 décembre 2009 à Pierrefonds dans l’Oise où Séverine a passé les 25 dernières années de sa vie.

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