Regardez l'image de gauche. Notre curiosité du jour est une copie en argent du Trône de Mysore. La pièce de collection est exposée jusqu'au 17 janvier 2010 au Victoria & Albert Museum dans le cadre d'une exposition intitulée Maharadjas, splendeur des cours royales indiennes. L'original est présenté chaque année au public lors du Festival de Dasara à Mysore, dans l'État de Karnataka au sud de l'Inde. Le reste du temps, il est placé dans un lieu sécurisé. Mais plus que la richesse du meuble, composé d'or, d'ivoire et de pierres précieuses, c'est son histoire qui fascine.
Les fondateurs du royaume de Mysore et de la dynastie princière des Wodeyâr (ou Odeyâr) sont deux frères, Vijaya et Krishna, originaires de Dvârakâ dans le Goujerat à l'ouest de l'Inde. Ils s'installent dans la région d'Ashtagram et occupent deux forteresses de la région de Hadana. Au XVIe siècle, Hiriya Bettada Chamarâja III transmet la forteresse de Puragarh à un de ses trois fils, Appana Timmarâja II qui nomme l'endroit Mahishasura, un nom qui sera transformé en Maisûr (Mysore). Les Wodeyâr furent vassaux des souverains de Vijayanâgara jusqu'à la chute du royaume face aux forces des sultanats du Dekkan. Le Râja Wodeyâr profite de la vacance du pouvoir pour monter sur le trône de Mysore (1578-1617).
La légende raconte que le trône appartenait aux Pândava, les cinq demi-dieux évoqués dans l'épopée du Mahābhārata. Il aurait été conservé sous-terre, à Hastinapur, dans l'Etat actuel de Uttar Pradesh, jusqu'en 1336. C'est Vidyāranya, le conseiller d'Harihara Ier (1336-1486), qui en aurait révélé la cachette. Le fondateur de la première dynastie Vijayanâgara des Sangama se serait emparé du trône et l'aurait transporté à Anegondi la première capitale de son empire. Il y serait resté plus d'un siècle et demi. Ensuite, l'histoire est plus floue. On sait que le royaume de Mysore, qui était vassal de Vijayanâgara, gagne son indépendance après la bataille de Talikota en 1565. On sait également, grâce aux archives, qu'à début du 17ème siècle, le gouverneur de Vijayanâgara, installé à Srirangapattana, fait transporté le trône dans cette ville avant d'en faire cadeau à Râja Wodeyâr I (1578–1617). En 1610, ce dernier inaugure l'exposition du trône aux festivités de Dasara. Le trône est resté depuis lors aux mains de la famille royale de Mysore.
Une autre version de l'histoire attribue le trône à Aurangzeb, le souverain de l'Empire moghol de 1658 à 1707. Il en aurait ensuite fait cadeau au roi Chikkadevarâja Wodeyâr (1673-1704).
En 1876, le Maharadja Chamarâja Wodeyâr X (1868–1894), soucieux de favoriser les relations diplomatiques avec l'empire britannique qui contrôle son royaume depuis 1831, offre une miniature du trône au gouverneur des Indes, Lord Robert Bulwer-Lytton (1831-1891). Il semble que sa manœuvre ait fonctionné puisque le royaume de Mysore retrouve son indépendance en 1881. Cette copie en argent du trône de Mysore, exposée au V&A Museum, fait aujourd'hui partie de la collection de Knebworth House, le domaine familial des Lytton.
Le trône est composé de trois pièces : un siège principal, des marches et une ombrelle. Il est orné d'or, de pierres précieuses et de figurines en argent. La rampe de l'escalier est décorée de figures féminines tandis que les quatre cotés du siège sont ornés de plantes grimpantes. Sur le siège, on distingue des éléphants, des chevaux, des soldats et des chars. Trois divinités du panthéon hindou président à la destiné du trône et de ses propriétaires: Brahmā, Vishnu et Shiva. Des prières, gravées au bord de l'ombrelle, sont adressées aux dieux en l'honneur de Krishnarâja Wodeyâr III et de ses ancêtres. L'une, peut-être traduite ainsi : « Seigneur de la terre et fils de l'illustre Charmaraja qui resplendit avec la bienveillance de la Déesse Chamundeshwari...tu es le souverain de Karnataka Ratna Simhasana et le parapluie d'or sur ton trône évoque le respect que tu inspires au monde ».