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"Hope" a-t-il été volé à la couronne de France ?

Notre curiosité du jour est un magnifique diamant dont une réplique sera présentée au public cette année au Muséum d'Histoire Naturelle. Son histoire rocambolesque a donné lieu à une enquête bicentenaire qui a trouvé sa conclusion en 2008, grâce à la découverte d'une copie en plomb du joyau dans les sous-sols du Musée parisien. Le diamant bleu enchâssé dans le collier de la Toison d'or de Louis XV, volé en 1792 à l'Hôtel du Garde-Meuble, serait réapparu en 1812 chez un joailler londonien et aujourd'hui exposé au Smithsonian Museum à Washington.

L'histoire commence en 1668. L'aventurier Jean Baptiste Tavernier vend au roi Louis XIV, un diamant pesant 115 carats à l’état brut, ainsi que 14 autres pièces plus petites, qu'il a rapportées des mines de Kollur, près de Golconde en Inde. Ce diamant est exceptionnel par sa pureté, sa taille et sa couleur (un splendide violet selon la description de Tavernier ou un bleu acier selon les agents chargés de l'inventaire des trésors royaux). En 1671, le roi de France décide de le faire tailler en "rose de Paris", c'est-à-dire en triangle avec 7 arrangements de facettes. Le joyau est alors confié au Sieur Pitau, le joailler de la cour, qui en extrait une pièce ne pesant plus que 69 carats. Le joyau, qui était la deuxième gemme des trésors de la couronne de France (après le diamant Sancy, actuellement exposé au Musée du Louvre) entre dès lors dans la légende et orne successivement diverses parures royales. En 1749, le roi Louis XV confie la pierre à André Jacquemin, son bijoutier, qui réalise le fameux collier de la Grande Toison d’or, dont on ne connaît aujourd'hui que deux gravures imprécises. En 1791, après la tentative de fuite de Louis XVI et de Marie-Antoinette, les bijoux de la couronne sont réquisitionnés par le gouvernement pour servir de caution bancaire. Le diamant est alors évalué à 3,000,000 francs (350 000 euros d'aujourd'hui). En septembre 1792, des bandits s'introduisent dans le Garde-Meuble (devenu aujourd'hui l'Hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris) et dérobent le diamant bleu avec le "Régent" et le "Sancy", ainsi que plusieurs autres pièces. La plupart seront finalement retrouvées.

En 1812, une autre pierre bleue apparaît chez Daniel Eliason, un revendeur londonien. On pense que le roi George IV en aurait fait l'acquisition. Le diamant aurait été revendu à sa mort, via un réseau privé, afin d'éponger les énormes dettes de la couronne britannique. On retrouve la trace de la fameuse pierre en 1839, dans le catalogue de la collection du banquier londonien Henry Philip Hope. Malheureusement, le document ne mentionne ni le vendeur, ni le prix, ni le lieu ni la date d'acquisition du Diamant "Hope". La pierre est cependant plus petite que celui de la couronne française puisque ne pèse que 45,5 carats. Par ailleurs, une gravure réalisée en 1787, colle mal avec la forme du diamant A-t-il été retaillée avantd'être revendu à la City ? Les chercheurs pensent qu'une seconde pierre de 13 carats et de la même couleur bleue pourrait être une autre portion du diamant volé à Paris. Elle appartenait au Duc Karl de Brunswick qui l'a vendu en 1874, à Genève, pour 17,000 francs. La troisième portion serait une pierre d'un carat, achetée pour £300 (23 000 euros d'aujourd'hui) et aujourd'hui possession d'une famille anglaise.
Le diamant "Hope", quant à lui, est resté aux mains de la famille Hope jusqu'en 1901, date à laquelle il est vendu aux américains Joseph Frankels and Sons. La pierre change plusieurs fois de propriétaires, parmi lesquels Pierre Cartier et le joailler Harry Winston qui en fait don à la Smithsonian Institution en 1958, dans une enveloppe kraft, expédiée par la poste.

En décembre 1988, une équipe du Gemological Institute of America a montré que la gemme exposée au Smithsonian Museum présentait des signes d'usure, ainsi qu'une phosphorescence très marquée et un grainage blanchâtre qui affecte la couleur bleue du diamant. Un examen à l'aide d'un colorimètre très sensible a révélé une nuance de violet (qui, rappelons-le avait été observée à l'œil nu sur la diamant des Bourbon). En 2007, François Farges, responsable des collections de minéralogie au Muséum National d'Histoire Naturelle, découvre à l'occasion d'un inventaire, un drôle de plomb taillé. Il crée un modèle en 3D de l'objet sur son ordinateur, fait exécuter une réplique de l'originale en zircone par Scott Sucher et le compare avec le diamant "Hope" du collier Cartier, prêté par la Smithsonian Institution. Ils correspondent parfaitement ! François Farges se lance alors dans une enquête historique. Il retrouve l'étiquette de la réplique en plomb et apprend que le donateur est Charles Achard, un joaillier parisien. Il est également mentionné que le modèle offert au Museum en 1850 est une copie d'une pierre possédée par son client, « Mr Hoppe de Londres ». Au 19ème siècle, en Grande-Bretagne notamment, il était courant de réaliser des copies en plomb des bijoux sur le point d'être retouchés. Selon François Farges, l'un des voleurs aurait revendu à Londres le "Côte de Bretagne", un rubis en forme de dragon, qui était serti dans le collier de la Toison d'or de Louis XV. Le lien avec le marché londonien est donc établi.
La mythique toison de Louis XV a également été reconstituée en gouache. Elle comprend le diamant bleu de Jean Pitau, le dragon dit "Côte de Bretagne" (retaillé par Jacques Guay en 1750) un autre diamant bleu appelé "Bazu" et pesant 32 carats, trois topazes d'orient, une demi douzaine de brillants de 4-5 carats et pas moins de 472 brillants de plus petite taille.

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