Preuves médicales ? Aucunes. Autopsie ? Jamais pratiquée. Archives ? Perdues. Corps ? Disparu. Depuis sa mort, le 5 décembre 1791, le cas Mozart a engendré de nombreuses spéculations. Pour certains, il aurait été empoisonné à l'arsenic par les Franc-maçons ou par le musicien italien Antonio Salieri; pour les autres, il aurait été victime d'une maladie rénale infectieuse, de la maladie de Henoch-Schönlein ou d'une trichinose. Dans un article publié dans la revue Medical Problems of Performing Artists, en juin dernier, le Dr. William J. Dawson a répertoriées 118 hypothèses de décès, élaborées au fil des siècles.
En l’absence de preuves directes, les chercheurs se sont rabattus sur les témoignages de sa veuve, Constanze Mozart, et de sa sœur, Sophie Haibel, recueillis plusieurs décennies après la disparition du musicien. Ils disposent également d’un document non-daté provenant des archives de son fils, Karl Thomas Mozart, et émanant d’un médecin viennois. Les universitaires ont enfin examiné la correspondance des membres de la famille de Mozart et, en particulier de son père Léopold.
Selon le Dr. Dawson les symptômes de la maladie ont pourtant été clairement exposés par les contemporains du musicien. Wolfgang Amadeus Mozart s’est alité le 20 novembre 1791, après une période de travail intense au cours de laquelle il a composé La Flûte enchantée, La Clémence de Titus, le Concerto pour clarinette, une cantate maçonnique et une partie de son Requiem. Ses mains et ses pieds étaient gonflés. Il souffrait également de crises de fièvre et de vomissements. Néanmoins, le 4 décembre, des amis se rendirent à son chevet et on organisa même une répétition des premiers mouvements du Requiem. Dans la soirée, l’état du musicien empira et on fit quérir, Thomas Closset, son médecin, qui se trouvait au théâtre. Celui-ci fit savoir qu’il se rendrait chez son patient après le spectacle. Lorsqu’il arriva enfin au chevet de Mozart, il ordonna qu’on place des compresses froides sur son front. Il s'ensuivit de violentes convulsions. A une heure du matin, le 5 décembre, Wolfgang Amadeus Mozart décédait à l’âge de 35 ans. Il fut enterré dans un caveau collectif dans les environs de Vienne.
Le Dr. Closset avait diagnostiqué une maladie de peau dont il décrivit les symptômes: une éruption de pustules rouges de la taille d'un grain de millet. C'est la cause officielle du décès, enregistrée dans les registres de la Cathédrale Saint-Étienne à Vienne.
En 1894, l'anatomiste Joseph Hyrtt fit don, à la Fondation Internationale Mozarteum de Salzbourg, d'un crâne attribué sans preuves solides à Mozart. Néanmoins une analyse d'ADN, réalisée en 2002, n'a pas permis de conclure avec certitude qu'il s'agit bien du crâne du compositeur.
William J. Dawson n'est pas le premier scientifique à s'essayer à une historiographie médicale de Mozart. Le Français, Lucien Karhausen a déjà publié divers articles sur le sujet : les 118 causes de décès et la santé prétendument fragile de Mozart. Selon lui, le nombre de maladies dont il aurait souffert au cours de son enfance et de son adolescence, serait comparable à celui d'un enfant européen d'aujourd'hui. Concernant l'impressionnante liste de diagnostics posés par les biographes et les médecins depuis plus de 200 ans, il montre qu'aucune ne peut être confirmée ou infirmée puisque qu'elles s'appuient sur l'interprétation de sources secondaires. Un article, publiée dans les Mitteilungen du Mozarteum, soutient même la théorie selon laquelle Mozart ne serait pas mort, mais aurait été enlevé par un extraterrestre!
Source: New York Times
Pourquoi Mozart Est-il Mort Prématurément? 1
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Quelques articles scientifiques:
Zegers, Richard H.C.; Andreas Weigl, Andrew Steptoe. The Death of Wolfgang Amadeus Mozart: An Epidemiologic Perspective. Annals of Internal Medicine. 2009. 151 (4): 274–278.
C.D. Baroni. The pathobiography and death of Wolfgang Amadeus Mozart : From legend to reality. Human pathology. 1997. 28(5): 519-521.
Lucien R. Karhausen. Contra Davies: Mozart's terminal illness. Journal of the Royal Society of Medicine. 1991. 84(5): 323
Albert Borowitz. Salieri and the murder of Mozart. Musical Quarterly.1973. 59(2):263-284
C.G. Sederholm. Mozart's death. Music and Letters. 1951. 32(4): 345-348.