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Le jeune Staline - Simon Sebag Montefiore

Simon Sebag Montefiore, historien britannique historien spécialisé dans l'histoire de la Russie, a consacré 10 ans de sa vie à ses travaux sur Joseph Staline et exhumé de nombreuses archives inédites. Deux ouvrages sont nés de ses recherches. Le premier, Staline: la cour du Tsar rouge, a été récompensé par le prix d'histoire du British Book Awards en 2004 et a été réédité cette année en collection de poche (Librairie Académique Perrin, Coll Tempus, 2 vol). Le second essai, Le jeune Staline, a reçu le Grand prix de la biographie politique en 2008. Simon Sebag Montefiore est également l'auteur d'une biographie de Grigori Aleksandrovitch Potemkine (Prince of Princes: the Life of Potemkin, 2000), d'une Histoire du Caucase (A History of Caucasus, 2005) et de deux romans, dont un traduit en français: Sashenka (Éditions Belfond, 2010).

Ainsi que le titre l'indique, dans Le jeune Staline, Simon Sebag Montefiore retrace les années de jeunesse de Sosso (ainsi que l'appelaient ses proches), depuis sa naissance à Gori jusqu'à la Révolution d'octobre 1918. Le but de cet ouvrage est de brosser un portrait le plus objectif possible de Iossif Vissarionovitch Djougachvili et de comprendre comment ce Géorgien d'origine modeste, qui détestait les intellectuels, est parvenu à s'imposer comme une figure incontournable du Parti bolchévique russe, aux cotés du noble Lénine et du dandy Trosky, avant de devenir le dictateur sanguinaire qui a dominé l'Union soviétique pendant plus de 30 ans.

L'historien britannique s'est attelé à un travail de titan, car la vie de Staline est loin d'être un long fleuve tranquille. Tour à tour séminariste, poète, brigand et révolutionnaire, Sosso a changé aussi souvent de planques que de pseudonymes pour échapper à l'Okhrana, les services de renseignements du Tsar. Les uns l'ont connu sous le nom de Koba, un pseudonyme inspiré d'un héros de la littérature populaire, d'autres sous celui du Prêtre ou du Vérolé, pour ne citer que quelques uns de ses noms d'emprunt. Dans la seconde moitié des années 1930, pendant la Terreur, Staline a non seulement ordonné l'assassinat des témoins gênant de son passé mais aussi la réquisition ou la destruction de tout document compromettant. La publication de mémoires, biographies et n'importe quel ouvrage se rapportant de près ou de loin au dictateur étaient soumis à une autorisation préalable ou à une censure drastique. Faire le tri entre les apologies, destinées à servir le culte de la personnalité orchestré par Staline, les écrits de ses rivaux de la première heure et les publications manichéennes de certains historiens n'était pas non plus un travail aisé. Néanmoins, Simon Sebag Montefiore a écumé les archives récemment ouvertes de Moscou, Tbilissi, Batoumi ou Saint-Petersbourg, ainsi que celles des provinces et de la Sibérie mais également à l'étranger (Berlin, Londres, Paris, etc). Il a exhumé des documents inédits, des versions non expurgées de mémoires et correspondance parfois méconnus, confrontés des témoignages contradictoires ou subjectifs. Son ouvrage est ainsi enrichie de nombreuses notes de bas de page qui sont loin d'être superflues.

C'est un lieu commun de dire que Staline (littéralement l'homme de fer) s'est forgé un nom qui lui va comme un gant. Néanmoins, bien qu'elle s'attache à éviter l’écueil du déterminisme, la minutieuse enquête de Simon Sebag Montefiore montre bien que le jeune Iossif Vissarionovitch Djougachvili avait tout pour devenir un froid et dangereux mégalomane. Né dans un foyer divisé, Sosso a grandi, au sein d'une des villes les plus dangereuses de l'empire russe. Keke, sa mère, qui lui vouait un amour sans doute excessif, a su le soustraire à la violence et l'influence néfaste de Besso, son père alcoolique qui voulait en faire un cordonnier comme lui-même. Grâce aux protecteurs de sa mère, avec lesquelles la véritable nature des relations restent flouent, Sosso poursuit cependant ses études (dans lesquelles il excelle) tout en jouant les terreurs dans la cour de récré et même dans les salles de classe. Malgré ses frasques, il obtient, avec la bénédiction de ses enseignants, une dérogation et une bourse pour entrer au séminaire de Tiflis, le plus renommé de la région, à la fois pour l'excellence de son enseignement mais aussi pour sa rigueur. Plus tard, il fournira une armée d'athées convaincus et sera considéré comme un nid de révolutionnaires. Lorsque Staline quitte l'établissement, dans des circonstances un peu troubles, il en effet un marxiste convaincu. Dès lors, sa voie est plus ou moins tracée. Après une brève expérience professionnelle en tant que métrologue à l'observatoire de Tiflis, il doit se résoudre à entrer pour de bon dans la clandestinité. Pour cette jeune tête brûlée, qui connaît nombre de brigands, cela ne s'avère pas très compliqué. C'est ainsi qu'il deviendra l'un des principaux pourvoyeur de fond du Parti et d'un Lénine réfugié à l'étranger, organisant des braquages spectaculaires avec l'aide de son ami d'enfance, Kamo. C'est le temps de la cavale, de la prison, des exiles en province et en Sibérie et des évasions rocambolesques. Sur son passage, Sosso séduit, engrosse et abandonne temporairement ou définitivement femmes et enfants. Comme on imagine, il ne se fait pas que des amis qui lui vouent une inconditionnelle admiration. Son assurance et son autoritarisme agacent, tandis que ses penchants pour l'illégalité et la violence effraient ses ennemis comme certains de ses camarades. Quoi qu'il en soit, il se fait des alliés, parfois improbables au prime abord, et sait se rendre indispensable. En résumé, le futur Staline se révèle très tôt d'une froideur et d'un déterminisme sans faille.

Titre: Le jeune Staline
Version originale: Young Stalin
Auteur: Simon Sebag Montefiore
Editeur: Le Livre de Poche
Parution: mai 2010
Pages: 766

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