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A la recherche du tableau perdu de Léonard de Vinci

Le 26 août dernier, le New-York Times consacrait un article à l’un des grands mystères de l’histoire de l’art. Pendant des décennies, les universitaires ont tenté de localiser l’un des chefs d’œuvre disparus de Léonard de Vinci (1452-1519) intitulé La Bataille d'Anghiari. La plupart d’entre eux étaient persuadés que le tableau se cachait derrière une fresque murale de Giorgio Vasari (1511-1574) exposée au Palazzo Vecchio, l'hôtel de ville de Florence. Aujourd’hui, grâce au mariage inattendu de l’histoire de l’art, de la physique nucléaire et de la photographie, la quête semble presque arrivée à son terme.


Salle des 500, Palazzo Vecchio, Florence, Italie


Les recherches ont débutées au milieu des années 1970, sous l’égide de Maurizio Seracini, un biologiste et technicien de l'art italien, qui dirigeait alors le CISA3 (Center of Interdisciplinary Science for Art, Architecture and Archaeology) à l’Université de San Diego en Californie. Celui-ci est convaincu que l’œuvre perdue du maître italien se trouve derrière le Vasari, dans la "Salle des Cinq-Cents", l’ancienne salle du Grand Conseil de Florence. La Bataille d'Anghiari, qui représente une scène de guerre opposant les Milanais au Florentins, le 29 juin 1440 en Toscane, a vu le jour en juin 1505. Il semblerait que Léonard de Vinci l’ait abandonnée l’année suivante sans la terminer. Néanmoins, le tableau remporte un beau succès et de nombreux artistes en font des copies avant que l’original ne disparaisse au milieu du 16ème siècle. Les historiens de l’art disposent de plusieurs études préparatoires de la main de Léonard de Vinci mais la partie centrale de la fresque, la Lutte pour l'Étendard, est la plus connue. Lorenzo Zacchia le jeune (1524-1587), par exemple, en a réalisé une copie gravée sur bois, la Tavola Doria. Pierre-Paul Rubens (1577-1640) s’en est également inspiré dans un dessin qui est conservé au Louvre.


La lutte pour l'étendard de la Bataille d'Anghiari par Rubens. Musée du Louvre


Trois siècle plus tard, l’enquête de Maurizio Seracini le conduit jusqu’à la fresque de Vasiri. Commandée en 1563 par Cosme Ier de Médicis (1519-1574), l’œuvre représente six scènes de bataille célébrant les victoires de Florence sur Sienne et sur Pise. On les examinant de plus prêt, le professeur Seracini remarque la mention « cerca trova » (qui cherche trouve). Dès lors, le chercheur utilise tout les moyens techniques à sa disposition pour déterminer la localisation exacte de la peinture de Léonard de Vinci, depuis les ultrasons en passant par la thermographie infrarouge et le traitement radar. Soutenue par différents mécènes, la quête de Maurizio Seracini est néanmoins confrontée au manque de fonds et à la frilosité des autorités italiennes. Depuis 2009, il est soutenu par le nouveau maire de Florence Matteo Renzi. Celui-ci s’est juré qu’on retrouverait La Bataille d'Anghiari avant la fin de son mandat. L’an dernier, il a signé un accord avec la National Geographic Society, qui s’engage à verser $250,000 en échange d’une exclusivité sur les droits de publications des résultats de Monsieur Seracini. Les murs de la "Salle des Cinq-Cents" seront ainsi soumis à une série d’analyses en 2012.


La Bataille d'Anghiari: Tavola Doria par Lorenzo Zacchia. Collection privée, Munich, Allemagne


Maurizio Seracini et David Yoder, un photographe indépendant originaire de l’Indiana, se sont rencontré en 2007 dans le cadre d’une série d’articles de journaux, parmi lesquels le New-York Times et le National Geographic. L’artiste américain a été si fasciné par le mystère de l’œuvre disparue qu’il a décidé de se joindre à l’équipe de recherche. Depuis plusieurs années, le professeur Seracini est associé à des scientifiques russes, hollandais et américains, dont le but est de développer des techniques permettant d’identifier chimiquement le type de peinture utilisé. On sait que La Bataille d'Anghiari est une peinture à l’huile et que Léonard de Vinci préparait ses pigments avec des matériaux organiques. Giorgio Vasari, pour sa part, utilisait du plâtre. L’équipe a finalement décidé de faire appel à Robert Smither, un expert en physique nucléaire, attaché à l’Argonne National Laboratory, près de Chicago. Ce laboratoire est placé sous la tutelle du ministère américain de l’Energie. Le professeur Smither a mis au point une caméra à haute résolution, utilisée pour détecter les zones cancéreuses dans le corps humain. Grâce à ce matériel de pointe, les chercheurs pensent pouvoir identifier le type de peinture utilisé et capturer une image du tableau de Léonard de Vinci sans endommager la toile de Giorgio Vasari. Les tests, réalisés en juin 2010, ont apporté la preuve que La Bataille d'Anghiari se trouvait bien cachée derrière la fresque de Vasari. Il s’agit maintenant de reconstituer l’image à l’aide d’une caméra à rayon Gamma. Le nerf de la guerre étant, une fois de plus, l’argent. Une nouvelle campagne de financement a été donc menée en faveur du projet de fabrication de la caméra. Après 30 ans de quête, Monsieur Seracini a prouvé qu’il n’était pas de ceux qui baissent les bras.


Groupe de cavaliers. Etude préparatoire pour La Bataille d'Anghiari par Léonard de Vinci

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