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Marco Polo n'est pas un menteur.

Le Devisements du Monde furent un succès dès leurs publications en 1298. Sa diffusion fut facilitée par l'utilisation du français (en langue d'oïl) lors de sa rédaction par Rustichello (ou Rusticien) de Pise sous la dictée de Marco Polo. Même si le livre laisse une grande part au romanesque, il servit de référence à des nombreux explorateurs et cartographes. Cependant, depuis l'époque moderne, le récit de Marco Polo est souvent mis en doute et décrit comme une compilation d'histoires entendues de la bouche de marchands. Réalité ou mensonge? La défense de Marco Polo progresse.

La famille Polo est une famille de commerçants vénitiens. Spécialisée dans le commerce oriental, elle possède des comptoirs à Constantinople et à Soudak sur les rives de la mer Noire. Cet héritage familial fera dire à certains auteurs et scientifiques que Marco Polo, n'a pas fait les voyages qu'il décrit mais s'est contenté de rassembler différents récits colportés par des marchands arrivant d'Asie. Cette supposition est étayée par différentes observations troublantes parmi lesquelles: Marco Polo ne mentionne jamais l'existence de la Grande Muraille de Chine, il n'y a pas d'archives chinoises ou mongoles faisant référence à la venue ou l' emploi des explorateurs italiens.

Dans un communiqué de presse, l'Université Eberhard Karls de Türbigen en Allemagne, annonce la publication d'un livre de Hans Ulrich Vogel, professeur de sinologie à la faculté de Philosophie de Türbigen, apportant des preuves ou au moins des indices confirmant les voyages de Marco Polo en Chine à la cours du Khan Kublai. Intitulé Marco Polo was in China: New Evidence from Currencies, Salts and Revenues, le livre sera édité par les éditions Brill (pour le moment il n'apparaît pas au catalogue de l'éditeur).


La caravane de Marco Polo voyageant vers les Indes (1375)
Image: WikiCommons


Dans cet ouvrage, Hans Ulrich Vogel commence par mettre à mal les arguments des détracteurs de Marco Polo. La grande muraille telle que nous la connaissons est le résultat des travaux de la dynastie Ming qui ne régnera en Chine qu'à partir du milieu du XIVème siécle. A l'époque de Marco Polo, la Chine était déchirée par des guerres internes de Royaumes et la muraille initiale sans doute dans un état de grands délabrement et sans grande importance stratégique pour les guerres en cours. Que la famille Polo, pourtant directement employée par l'empereur Kublai Khan, ne soit mentionnée par aucun document ne surprend pas l'auteur qui montre que les archivistes et historiens chinois de l'époque Yuan ne mentionnent que rarement la présence des étrangers. La délégation papale de Benoit XII menée par le légat pontife Giovanni de Marignolli à la cour Yuan n'est mentionnée nulle part et seul le don d'un cheval céleste de la part du royaume des Francs est mentionné.

Cependant, Hans Ulrich Vogel ne se contente pas de mettre à mal les arguments des « anti-voyage de Marco Polo » et donne quelques éléments qui étayent la thèse du voyage. Ces arguments nécessitent une bonne connaissance de l'histoire et la civilisation chinoise du XIIIè siécle. Il montre en effet que Marco Polo décrit le processus de production de sel et son influence économique de manière si précise qu'elle ne peut venir des seuls récits de voyage des commercants. Vogel montre que les données économiques apportées par Marco Polo sur l'industrie du sel (notamment les conversions sel – papier monnaie) sont en bonnes adéquations avec les archives de l'époque retrouvées en Chine. Marco Polo est aussi le seul voyageur a décrire le procédé de fabrication du papier monnaie à partir de l'écorce de mûrier blanc (suite à la pénurie de métaux, le billet de banque fut mis en circulation en Chine au XIè siècle pour disparaître au XIVè siécle). Marco Polo décrit également avec précision l'économie de la Chine, les monopoles de l'état sur l'or, l'argent, les perles et les pierres précieuses, leur échange obligatoire contre les billets de papier et les taxes afférentes. Marco Polo précise également que les billets n'étaient utilisés qu’au Nord de la Chine et dans la région du Yangtzé. Il explique dans le Fujian et Yunnan, le cauri (un coquillage), l'or et l'argent étaient la monnaie courante. Ces faits sont corroborés par les découvertes archéologiques effectuées dans ces régions (même si en archéologie, l'absence d'objet ne peut jamais être considérée comme une « non-existence »).

Selon Hans Ulrich Vogel, les données économiques décrites par Marco Polo ne laisse aucun doute possible sur la réalité de son voyage en chine et de son implication dans l’administration de Kublai Khan.

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