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Tel est pris qui croyait apprendre.

Il était une fois Alexandre von Humboldt, naturaliste, physicien et explorateur allemand. Alexandre et son compagnon le Gay Lussac étudient les causes et les effets du magnétisme et de l'électrostatique. Humboldt a trouvé un financement pour une expédition d'étude du champ magnétique aux Indes, mais à 84ans, il cherche plutôt à confier cette mission à de nouveaux explorateurs.

Son choix se porte sur la famille Schlagintweit, Hermann, Robert et Adolf. Ils ont fait leurs premières armes dans les Alpes et ont publié des ouvrages aussi passionnants que Untersuchungen über die physikalische Geographie der Alpen, in ihren Beziehungen zu den phänomenon der Gletscher, zur Geologie, Meteorologie, und Pflanzengeographie dont le principal intérêt est de permettre l'allongement habile, bien qu'artificiel et inconséquent, d'un article internet. L'artifice peut de nouveau être utilisé, quoique plus maladroitement, en citant leur second ouvrage de référence: Neue Untersuchungen über die physikalische Geographie und Geologie der Alpen (New Studies of the Physical Geography and Geology of the Alps, qui a l'avantage d'être plus concis bien qu'écrit par les trois frères (Adolf et Hermann étant les deux auteurs du premier volume). Si leurs capacités scientifiques sont de leur époque vivement critiquées, même moquées, les trois frères ont cependant une grande qualité: ils savent dessiner.


Robert, Adolf et Hermann Schlagintweit

Les missions principales des frères Schlagintweit consistaient à faire des relevés du champ magnétique mais aussi des observations d'ordre géographique, géologique et naturaliste. Le voyage jusqu'en Inde se fait en bateau à l'exception d'une escapade chamelière du Caire à Suez. Une fois arrivée, les trois frères se séparent pour explorer la région: Inde, Pakistan, Bengal, Tibet... Ils se rejoignent de temps en temps pour échanger leurs expériences. Les péripéties sont nombreuses: sacrifices de chèvres en haut de montagne, retour à la frontière tibétaine après une esclandre avec un garde Hunia, paranoïa de Hermann provoquée par la malaria, perte de leur lettre de crédit... l'expédition oscille entre maladresse et malchance.

L'histoire se complique pour Adolf Schlagintweit, sans doute motivé pour être le premier occidental à visiter la ville de Kashgar, il refuse de rebrousser chemin lorsqu'il croise des flots de réfugiers expliquant que Vali Kahn, un despote local chef des Kokandi à Kashgar, s'est rebellé contre la Chine et terrorise la région. Adolf n'en a cure et décide d'explorer tout de même la région. Quelques semaines plus tard, il est capturé puis exécuté maladroitement, en trois coups d'épée quand même, et enfin étêté. L'histoire pourrait se terminer ici si quelques temps plus tard, les ardeurs guerrières de Vali Kahn calmées par les chinois, un voyageur perse achetant du tabac à Kashgar découvrit qu'il était enveloppé avec une feuille du journal de voyage de Schlagintweit. Il réunit les restes du journal de Schlagintweit, retrouva même son crâne et porta le tout à l'administrateur colonial des Indes. Le crâne fut analysé, et il fut confirmé qu'il n'appartenait pas à Schlagintweit. Mais ces documents permirent de connaître l'histoire d'Adolf Schlagintweit du début à la fin.

Cette mission d'exploration ne connue qu'un succès mitigé. Elle s'est en effet heurtée à beaucoup de contraintes économiques et politiques: nationalisation de la compagnie des Indes orientale qui finançait une partie du voyage, situation fluctuante à la cours de Prusse co-financière de la mission, préparation de la colonisation de la région par l'empire britannique...
La fin de cette tragique histoire fait penser à la fin du roman de Kipling, L'homme qui voulu être roi porté au cinéma par John Huston avec le fabuleux duo Michael Caine – Sean Connery. Adolf Schlagintweit est donc bel et bien un illustre inconnu.

Source: “CONQUERORS OF THE KÜNLÜN”? THE SCHLAGINTWEIT MISSION TO HIGH ASIA, 1854–57 par Gabriel Finkelstein, University of Colorado at Denver.
Hist. Sci., xxxviii (2000).

Photo: Wikipedia Allemagne.

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