©

Grippe espagnole et overdose d'aspirine

L’épidémie de grippe de 1918 fût sans doute la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité, avec plus de 50 millions de mort à travers le monde. Il semblerait selon, une récente étude, qu’une partie des décès ne soit liées, non pas à la grippe elle-même, mais à la trop grande quantité d’aspirine absorbée pour la soigner.

Le Dr. Karen M. Starko vient de publier, à ce sujet, un article ("Clinical Infectious Diseases", 2009, Infectious Diseases Society of America) qui établit la relation entre l’utilisation de l’aspirine et le syndrome de Reye. Le docteur Dr. Starko pense que les malades ingurgitaient des doses d’aspirine élevées qui seraient jugées dangereuses aujourd’hui. Cependant, la surdose médicamenteuse est difficile à distinguer des décès liés à la grippe car ils survenaient très tôt dans la maladie.

Les chercheurs du Public Health Service (Service de Santé Publique) pensent que les dommages mis en évidence dans les autopsies sur les morts prématurés ne sont pas assez significatifs pour les attribués à une pneumonie virale. L’importante quantité de sang et de liquides observée dans les poumons prouvent que les causes de décès viennent d’ailleurs.

Le docteur Starko reconnait cependant ne pas avoir eu accès aux autopsies réalisées à l’époque. Il régnait un tel chaos, dit-elle, que je ne suis pas sure qu’il existe des archives exploitables quelque part. Son étude s’appuie sur différents éléments, parmi lesquels, le contexte historique.

En février 1917, la société Bayer perd son brevet américain sur l’aspirine. La vente de ce médicament lucratif est désormais ouvert à tous les laboratoires. Bayer contre-attaque à coups de publicité ventant les bienfaits de son produit, au moment même où l’épidémie de grippe atteint son apogée.

Des quantités importantes d’aspirine furent vendues, sans aucune mise en garde sur les emballages concernant la posologie ou le niveau de toxicité. A l’automne 1918, confronté à une épidémie mortelle dont personne ne connaissait le remède, le médecin chef de la Marine américaine recommanda l’aspirine comme traitement symptomatique et l’armée acheta d’importante quantité de ce médicament.

Le journal de l’American Medical Association (L’Association de Médecine Américaine) prescrivait une dose de 1000 milligrammes toutes les trois heures, soit le double de la dose considérée comme toxique aujourd’hui.

La pharmacologie de l’aspirine est très complexe et n’a pas été complètement comprise avant les années 1960. Or, le dosage est un élément crucial dans son utilisation. Doubler la dose dans un intervalle de 6 heures revient à augmenter de 400% la quantité de médicament dans le corps du patient. Chez certaines personnes, même des doses très faibles d’aspirine peuvent provoquer une dangereuse hausse de pression sanguine.

Peter A. Chyka, professeur de pharmacie à l’Université du Tennessee, qualifie l'hypothèse du Dr. Starko d’intéressante théorie et rappelle, qu’au début du siècle, que les dosages étaient plus ou moins le fruit du hasard. On augmentait les quantités de médicament jusqu’à ce que le patient présente, soit des signes de rétablissement soit des signes d’intoxication.

Le docteur Starko n’est pas en mesure, à l’heure actuelle, d’avancé un chiffre précis des décès par overdose médicamenteuse. Il faudrait, dit-elle, se pencher sur les archives de l’armée américaine.



Source : New York Times

Références
Lien à insérer

Si vous citez cet article sur un site, un blog, un forum ou autre contenu web, utilisez l'adresse ci-dessous. Après validation par un administrateur, votre site apparaîtra ci-dessous comme référence.

Ils commentent à distance !

Pour l'heure, personne ne commente sur un autre site web.

Suggestion de mots-clefs : grippe espagnole ; overdose aspirine ; Aspirine et grippe ;
Discussions
Pas d'avis pour “Grippe espagnole et overdose d'aspirine”
Participer à la discussion (Via le forum)

Vous devez être identifiés pour poster un avis



Mot de passe oublié