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La maison de Shakespeare

Les fouilles archéologiques, débutées l'an dernier à New Place, la maison de William Shakespeare (1564-1616) à Stratford-upon-Avon, reprennent ce mois-ci sous la direction du Shakespeare Birthplace Trust et de la Birmingham Archaeology, une branche de l'institut d'Archéologie de l'Université de Birmingham.

La campagne se poursuivra jusqu'en octobre 2011 et les internautes pourront suivre les progrès des archéologues sur le blog Dig for Shakespeare. Par ailleurs, les amateurs peuvent visiter le chantier, ouvert au public de 10 h à 17h (6h du matin en juillet et août), moyennant 12,50£ soit 14 euros. Le ticket d'entrée comprend le musée de Nash's House. En 2010, 200 volontaires ont participé à la campagne de fouilles et 65 000 touristes sont venus observer le travail des chercheurs.



La demeure de New-Place est construite en 1483 par Hugh Clopton, riche marchand et futur lord-maire de Londres. C'est l'une des plus grandes propriétés de la ville. Bâtie en briques, un matériau innovant pour l'époque, New Place ne compte pas moins de 10 cheminées et un terrain assez vaste pour accueillir 2 granges et un verger. William Shakespeare acquière le domaine en 1597, après la disparition de son fils Hamnet et l'abandon de ses activités théâtrales à Londres. La maison est située, à l'angle de Chapel Street et de Chapel Lane, à quelques pas de l’Église de la Sainte-Trinité et de l'école. Le dramaturge meurt en 1616 et New Place est légué à sa fille, Susanna Hall, puis sa petite fille, Elizabeth Hall. Cette dernière est l'épouse de Thomas Nash, le propriétaire de la maison voisine, Nash's House. A la mort d' Elizabeth, la demeure retourne à la famille Clopton.
On sait que la maison est rachetée dans les années 1700 par le révérend Francis Gastrell. Celui-ci la fait démolir en 1759, fatigué de voir débarquer quotidiennement des visiteurs venu admirer la dernière demeure de Shakespeare. Aujourd'hui, il ne reste donc plus grand chose de New Place, si on excepte les fondations. Le vicaire, quant à lui, déménage à Nash's House, dont il est également propriétaire. En 1862, James Halliwell-Phillipps, un antiquaire spécialiste de William Shakespeare, entreprend les premiers travaux d'excavations de New-Place, localise un oriel (encorbellement) mais s'arrête brutalement lorsqu'il atteint les fondations. En 1891, le Shakespeare Birthplace Trust rachète les deux propriétés.



Lors de la campagne de fouilles en 2010, les archéologues ont délimité trois zones d'excavation. Une première tranchée a été ouverte depuis Chapel Street, à la limite de la propriété, jusqu'à la cour intérieure. Une seconde zone de fouilles était située dans le jardin en herbe et la troisième concernait une petite partie du parterre (knot garden en anglais) à l'arrière du bâtiment. Ce type de jardin, dont le plan est généralement composé de plusieurs compartiments et délimité par des haies, est apparu sous le règne d’Élisabeth 1er (1533-1603). On y cultive des plantes aromatiques. Les historiens possèdent peu d'informations sur l'agencement de la propriété au tournant des 16ème et 17ème siècles. Ils ignorent donc si le parterre était utilisé du temps de Shakespeare. Il pouvait alors s'agir d'un parc, réservé aux domestiques. Les archéologues espèrent néanmoins y faire des découvertes intéressantes, surtout si cette zone servait de fosse à ordures. L'objectif est de trouver des fragments de poteries ou des résidus de nourriture qui permettraient d'en savoir davantage sur la vie quotidienne du dramaturge : son régime alimentaire, par exemple.
L'an dernier, les archéologues ont exhumé plusieurs artefacts, parmi lesquels des coquilles d'huîtres, une petite tête de poupée datant de l'époque victorienne, une bague du début du 19ème siècle avec un sceau gravé, des bouteilles d'encre ou les vestiges de plusieurs pipes en argile. Une entrée du journal en ligne en date du 21 avril 2010, rédigée par Ann Donnelly, la directrice du musée, précise néanmoins qu'il y a peu de chance pour que ces derniers objets aient appartenu à William Shakespeare. Les pipes sont trop larges pour l'époque. Par ailleurs, pour la petite anecdote, on sait que le patron du dramaturge, le roi Jacques Ier d'Angleterre (1566-1625) est l'auteur d'un pamphlet anti-tabac, paru en 1604. En ce qui concerne les encriers en verre, il est difficile de donner une date précise de fabrication. Cependant, ce type de récipients apparaissent plutôt à la fin du 17ème siècle.



Dans la première zone de fouilles, les archéologues sont arrivés à la phase finale de leur projet, à savoir la suppression de la couche attribuée aux travaux d'excavation du 19ème siècle. Ils ont localisé le mur arrière de la cave et ont une idée plus précise du plan architectural du 18ème siècle. Ils ont également repéré un pan de mûr, mentionné dans le rapport de James Halliwell-Phillipps et qui pourrait correspondre à l'emplacement d'un foyer de cheminée.
Dans la seconde tranchée, située dans le jardin, les chercheurs ont progressé de façon significative, déblayant les fragments de maçonnerie et les détritus divers qui gênaient leur progression. Ils ont par ailleurs exhumé des pièces de monnaie des années 1960. Cette découverte leur a permis d'estimer la date à laquelle les fondations ont été recouverte pour créer le parc. Ils ont également identifié un mur porteur en briques rouges de style Tudor et non signalé par Halliwell-Phillipps. Il pourrait s'agir d'une paroi de la cave originale. Enfin, ils ont repéré des ossements datant sans doute de la période médiévale et trouvé plusieurs objets à usage personnel (boutons, dés à coudre et divers éléments en alliage de cuivre).
Dans la troisième tranchée, les chercheurs se sont focalisés sur la fosse à ordures du parterre. Les sondages réalisés dans cette zone ont permis d'identifier une fosse rectangulaire en briques (2x3mètres de large sur un mètre de profondeur) datant du 16ème ou du 17ème siècle. Cette structure comprend une paroi centrale plus récente, qui semble avoir été ajoutée au 19ème siècle pour consolider l'ensemble. Ces éléments confirment que le puits a été utilisé pendant de nombreuses années. Néanmoins, les chercheurs connaissaient son existence puisqu'il a été repéré dans les années 1920, lorsque le parterre a été exhumé. Non loin de là, les archéologues ont localisé un conduit en argile, sans doute un tuyau de cheminée. Celui-ci était en effet bouché par une couche de cendre mais les chercheurs n'y ont trouvé aucun débris de poterie indiquant qu'il s'agissait d'un four.

Source et images: Dig For Shakespeare

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