Un article paru dans la revue The Historian remet en cause la théorie selon laquelle le roi d'Angleterre, Harold Godwinson (1022-1066), serait mort après avoir reçu une flèche dans l'œil à la fameuse bataille d'Hastings, en 1066, à l'issue de laquelle Guillaume le Conquérant (1027-1087) s'empara de la couronne d'Angleterre. Selon Chris Dennis de l'Université de Cardiff, Harold II aurait en fait été attaqué par un groupe de chevaliers conduit par son compétiteur, le duc de Normandie.
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La mort du roi Harold II, représentée sur la célèbre tapisserie de Bayeux, est devenue une sorte d'image d'Épinal. La scène montre clairement Harold Godwinson, sous l'inscription « Hic Harold rex interfectus est » (Ici le roi Harold est tué) la tête penchée en arrière et serrant une flèche d'or qui sort de son visage. Elle a été décrite dans les chroniques médiévales dès 1080. Bien que cette version de l'histoire se soit largement diffusée, des spécialistes comme Sir Frank Stenton et David Douglas restent sceptiques. Les historiens Henry Loyn et Frank Barlow, quant à eux, réfutent totalement la « légende de la flèche dans l'œil ».
La controverse est née de ambiguïté des sources. Les chroniqueurs Guillaume de Jumièges et Guillaume de Poitiers sont bizarrement peu loquaces sur le sujet. Le premier écrit qu'Harold a été tué, lors de la première attaque, « transpercé» de blessures mortelles. Le second note simplement que de nombreux nobles ont péris, parmi lesquels le roi Harold et ses frères. En revanche, l'évêque Guy d'Amiens (dans sa Chanson de la bataille d'Hastings rédigée en 1067) et le poète Normand Wace racontent comment, au cœur de la bataille, Guillaume a rassemblé plusieurs chevaliers avant de charger le roi Anglo-saxon et de le frapper de leurs épées jusqu'à ce que mort s'en suive.
Selon Chris Dennis, « l'histoire de la flèche d'or » a été délibérément répandue, au sein de la cour royale, par Guillaume le Conquérant et ses proches. Cette version de la mort du roi Harold était plus commode, puisque la flèche fatale pouvait être attribuée à la volonté divine. Guillaume ne pouvait en effet se permettre de saper sa légitimité en admettant avoir contribué à l'assassinat d'un souverain sacré et béni par l'Église.
Source : Medieval News