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Les dernières découvertes à La Real au Pérou

l y a près de 100 000 sites archéologiques connus au Pérou, dont 250 autour de Lima. Le plus fameux est le Machu Picchu, une ancienne cité inca du XVe siècle, située sur le versant oriental des Andes centrales. Les Péruviens célèbreront les 100 ans de sa découverte en juillet prochain et, à cette occasion, l'Université de Yale a accepté de retourner des objets prélevés sur le site dans les années 1900. Par ailleurs, ces dernières semaines, les archéologues ont fait de nombreuses découvertes au Pérou. Celles-ci concernent essentiellement les sites walis dont nous proposons un petit panorama, en commençant par le chantier de fouilles de La Real.


Les 18 et 19 mars dernier, le Dr. Justin Jennings du Musée Royal de l'Ontario, à Toronto au Canada, a présenté les derniers résultats de ses recherches en collaboration avec Willy Yépez Álvarez, le directeur du chantier archéologique de La Real, la bioarchéologue Corina Kellner et la paléontologue Emily Dean. Son équipe travaille depuis sept ans dans le Bassin de Cotahuasi à environ 400 km au nord-ouest de la ville d'Arequipa, dans le sud du Pérou. Il s'agit d'un site Wali, dont la civilisation a dominé la vallée de Majes, comme la côte et les montagnes péruviennes, pendant une période s’étendant du 8ème au 13ème siècle de notre ère. Le site est constitué d'une grotte abritant une centaine de momies vieilles de 1400 ans. Celles-ci ont été soigneusement enveloppées dans des sacs en tissu, entourées de cordes puis chapeautées par des coiffes. Une fois que ce travail achevé, les enveloppes textiles ainsi cousues ont été déchirées avec autant d'application. La question est donc de savoir pourquoi. S'agissait-il d'un rituel particulier ? Les chercheurs ont tenté de résoudre le mystère.


A coté des momies, les archéologues ont découverts des éléments placés un peu à l'écart et ressemblants à des offrandes. Le sol de la grotte était jonché de restes d'animaux: une patte de puma, des têtes de chiens ou de perroquets et même les ossements d'un condor. Plus de 1200 pièces ou fragments de tissus, côtoyaient des céramiques et des restes de nourriture, en particulier des cacahuètes. Par ailleurs, les chercheurs ont trouvé des objets exotiques comme des plaques en or ou en argent, des plumes et, plus macabre, les trophées humains de sept crânes suspendus par des fils comme sur des cintres.


Les analyses réalisées sur les squelettes ont montré que les individus avaient souffert de multiples violence avant de mourir. Dans un article paru dans la revue scientifique American Journal of Physical Anthropology, le Dr. Tiffiny Tung, anthropologue à l'Université de Vanderbilt à Nashville, dans le Tennessee, explique que 32 momies sur 104 présentent des blessures à la tête. Selon elle, les hommes étaient les principales victimes de morts violentes. Ainsi, 41% de momies masculines présentent des marques de coups sur le crâne contre 19% de squelettes féminins. Le docteur Jennings ajoute, quant à lui, que les individus ne succombaient pas immédiatement à leurs blessures. Certains ont reçu plusieurs coups. Le but n'était donc pas de les tuer, puisque leurs bourreaux attendaient que les blessures soient cicatrisées pour les frapper à nouveau. Par ailleurs, les chercheurs ont constaté que les hommes étaient attaqués de face, tandis que les femmes étaient frappées de dos.
Le professeur Tung pense qu'il pourrait s'agir de blessures liées à des combats rituels. Ce type de combats, appelé Tinku, a été observé par les premiers colonisateurs européens. Les hommes, et parfois les femmes, se battaient à coups de poings, de masses ou de jet de pierres. Ce genre de pratiques engendre de graves fractures du crâne.


Le professeur Jennings a également élaboré une théorie concernant la profanation des momies et de leur tombe. Bien que les tissus aient été réduits en lambeaux, les objets brisés, les offrandes éparpillées puis brulées, il est persuadé qu'il ne s'agit pas du résultat d'un pillage. Selon lui, la clé du mystère réside dans les changements sociaux survenus dans la région à cette époque. Les indices archéologiques montrent que cette région est passée sous la domination des Walis, il y a 1400 ans. Les peuples de la vallée de Majes étaient jusqu’alors régis par une société égalitaire. Ils ont été brutalement intégrés dans une civilisation de classes. La présence d'objets en or trahie l'influence des Walis et l'apparition d'une stratification sociale. La destruction des momies, dans la grotte de La Real, pourrait être une réaction face à l'émergence d'une élite.

Source: "Why slash apart a mummy? New research in Peru leaves archaeologists with ancient mystery" via Unreported Heritage

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